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Indépendants neuchâtelois: «On est tous morts dans un mois»

Touchés de plein fouet par la crise du coronavirus, restaurateurs, hôteliers et indépendants attendent impatiemment de nouvelles mesures de soutien économique. L’association Sauvons les entreprises neuchâteloises demande que l’Etat paie loyers et autres charges et souhaite que les patrons puissent aussi bénéficier du chômage partiel.

18 mars 2020, 20:13
Malgré les belles journées ensoleillées, il n'est pas possible aux restaurateurs d'ouvrir les terrasses en raison des mesures prises pour lutter contre le coronavirus.

«Si l’Etat ne nous soutient pas, 80% d’entre nous, indépendants, seront morts dans trois ou quatre semaines. Avec nous, l’économie locale va plonger, des milliers d’emplois et une partie de la culture du pays vont disparaître. Il faudra vingt ans pour reconstruire ça!»

Daniel Carlino est ivre de colère. Le patron du restaurant La Différence à La Chaux-de-Fonds a lancé l’association Sauvons les entreprises neuchâteloises (SEN) dimanche dans la foulée de l’annonce de la fermeture des commerces non essentiels et restaurants faite par le Conseil d’Etat neuchâtelois pour lutter contre l’épidémie de coronavirus.

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Aussi du chômage partiel pour les patrons

Sa pétition aligne les signatures à la vitesse grand V: elle a déjà récolté près de 2500 paraphes. Les pétitionnaires demandent qu’immédiatement et pour trois mois au moins, l’Etat paie les frais fixes des indépendants et des PME. Il s’agit des loyers, des charges sociales et des frais de chauffage et d’électricité. «Pour éviter la fraude, l’Etat de Neuchâtel pourrait mettre en place un département qui centralise les factures envoyées», propose le restaurateur.

De plus, la pétition exige que les réductions d’horaires de travail (RHT) – le chômage partiel – soient valables pour les patrons et leur famille, en se basant sur leur déclaration d’impôts. Aujourd’hui, toutes les entreprises peuvent faire appel aux RHT pour leurs employés, mais les fonctions dirigeantes sont exclues de ce mécanisme de crise assumé par l’assurance-chômage.

«Nous ne ferons pas de compromis, nous ne pouvons pas envisager l’avenir sans ces aides», prévient Daniel Carlino. GastroNeuchâtel soutient cette initiative. Plusieurs associations professionnelles s’apprêtent à le faire.

Nombreuses questions

Daniel Carlino dénonce par ailleurs la complexité des formulaires de demandes de RHT. «De nombreuses personnes m’appellent pour me demander comment les remplir, je reçois tellement de sollicitations que je ne dors plus que quelques heures par nuit…»

Le Service neuchâtelois de l’emploi a annoncé mardi avoir renforcé son équipe: une vingtaine de personnes traitent désormais les demandes de chômage partiel, contre deux en temps normal. De nombreuses faîtières sont également disponibles pour répondre aux questions de leurs membres. Une nouvelle hotline cantonale sera également disponible dès jeudi pour aiguiller les entreprises (lire l’encadré).

30 millions de prêts sans intérêt

Pour soutenir les indépendants, le Conseil d’Etat neuchâtelois a précisé ce mercredi qu’un système de prêts sans intérêt en faveur de ces entreprises sera mis en place dès la semaine prochaine dans le cadre d’une enveloppe de 30 millions de francs. Seront concernés, les indépendants et petites entreprises de moins de cinq personnes, dont l’activité a été suspendue par décision des autorités.

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Pour Daniel Carlino, les solutions de prêts proposés ou de report de charges ne font que repousser le problème et la faillite des entreprises. «C’est du bluff politique», lâche-t-il en saluant les mesures prises par certains Etats voisins. «Dans un pays aussi riche que la Suisse, il n’y a pas de raison de ne pas le faire. Ce n’est plus le moment de conserver l’argent sous les coussins».

De son côté, Martin Mayoly, président d’Hôtellerie Neuchâtel-Jura, insiste «le principal c’est que tout le monde joue le jeu et que les habitants sortent le moins possible. Plus rapidement on pourra ouvrir dans de bonnes conditions, mieux ça ira.» Faute de clients, le directeur de l’hôtel Alpes et Lac à Neuchâtel indique avoir fermé son établissement. Il hésite à faire de même pour l’hôtel des Arts.

Ce mercredi, la Confédération a annoncé que les poursuites seront suspendues dès ce jeudi et jusqu’au 4 avril. Le Conseil fédéral doit normalement se prononcer vendredi sur de nouvelles mesures de soutien économique.

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