La Pointe Dunant s’appelle à nouveau «Ostspitze» ou «Pointe de l’Est». Un nouveau nom pour le deuxième plus haut sommet des Alpes suisses, qui culmine à 4632 mètres? Rebaptisée du nom du fondateur de la Croix-Rouge en 2014, sous l’impulsion du président de la Confédération de l’époque Didier Burkhalter, elle ne porte plus la plaque commémorative installée alors.
Rien d’officiel ici, mais une démarche artistique. Celle du Zurichois Roland Roos, relayée ce mercredi par le Blick. Ce dernier souhaite manifester contre la volonté du Conseil fédéral d’assouplir la législation sur l’exportation d’armes suisses. «D’un côté, la Suisse veut mettre en valeur sa tradition humanitaire sur ses sommets et de l’autre, elle veut exporter des armes plus facilement? Pour moi c’est une grossière contradiction».
Dans un musée
Mercredi dernier, accompagné par deux amis, il s’est donc lancé à l’assaut de la Pointe Dunant. Une fois au sommet, ils ont dévissé la plaque expliquant pourquoi le sommet s’appelait «Pointe Dunant», pour la remplacer par une autre qui redonne son ancien nom à l’«Ostspitze». La plaque originale a été rapportée à Zurich, où elle trône durant 10 jours au sein de l’exposition «Werkschau 2018».
Roland Roos a promis de la réinstaller à sa place si la loi sur les exportations d’armes ne devait pas être modifiée.
Selon l’ATS, Zurich n’a pas apprécié cette démarche. Onze artistes reçoivent une bourse de 24’000 francs dans ce cadre. Roland Roos aurait dû faire partie des lauréats honorés mercredi, mais la conseillère d’Etat zurichoise Jacqueline Fehr (PS) a décidé de geler ce soutien financier en faveur de l’artiste en raison de son acte illégal. «Les limites de la liberté se situent là où des actes illégaux sont commis», explique le porte-parole de la ministre de la justice et des institutions au micro de la radio alémanique SRF. La commune de Zermatt est en effet propriétaire de la plaque «volée».
Surprise, la présidente de Zermatt Romy Biner (PDC) se montre agacée par cette action artistique. Si elle dit comprendre «jusqu’à un certain point» les motivations de l’artiste, elle n’apprécie pas qu’on se soit ainsi emparé d’une «propriété privée appartenant à autrui». L’attribution ou non d’une bourse à l’artiste lui importe peu: elle veut simplement récupérer la plaque de la Pointe Dunant.