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Salaires abusifs: Thomas Minder maintient son initiative

L'industriel schaffhousois Thomas Minder ne retire pas son texte sur les salaires abusifs des grands patrons, malgré l'acceptation par le Parlement d'un contre-projet indirect. Le peuple votera sur l'initiative.

28 juin 2012, 16:03
Malgré l'acceptation par le Parlement d'un contre-projet indirect, Thomas Minder maintient son texte.

Le peuple votera sur l'initiative contre les salaires abusifs des grands patrons. L'industriel schaffhousois Thomas Minder ne retire pas son texte, a-t-il indiqué jeudi, malgré l'acceptation par le Parlement d'un contre-projet indirect. Mais la bataille s'annonce difficile.

"Les discussions au sein du comité d'initiative ont été vives. Mais les centaines de courriels que nous avons reçus de citoyens nous ont finalement décidés à poursuivre", déclare le conseiller aux Etats indépendant dans une interview au "Tages-Anzeiger" et au "Bund". Selon lui, le contre-projet "ne reprend que 40% des exigences de l'initiative".

Le texte de Thomas Minder, déposé début 2008 en réaction aux versements de salaires très élevés qui se multipliaient dans les entreprises, a donné lieu à un feuilleton interminable et parfois incompréhensible pour les citoyens. Au fil des rebondissements, même certains parlementaires avouaient y perdre parfois leur latin.

L'initiative de l'entrepreneur a occupé le Parlement durant plus de quatre ans, marqués par de nombreux revirements et autres manoeuvres tactiques. Les Chambres fédérales ont longtemps louvoyé entre un contre-projet direct, d'ordre constitutionnel, et un contre-projet indirect, passant par une révision du droit de la société anonyme.

Contre-projet direct coulé

Dernier rebondissement en date: après que les Chambres ont adopté durant la session d'été un contre-projet direct qui prévoyait d'imposer les bonus de plus de 3 millions de francs, le National l'a coulé en votations finales. C'est notamment un retournement de veste des Vert'libéraux qui a fait pencher la balance.

Lors de la session de mars, le Parlement avait toutefois entériné un contre-projet indirect qui reprend, mais de manière plus souple, les principales revendications de Thomas Minder. Il renforce le droit des actionnaires afin de pouvoir limiter les excès en matière de salaires et de bonus. Mais par rapport à l'initiative, les Chambres ont laissé plus de marge de manoeuvre aux actionnaires.

Capital de sympathie

La décision de Thomas Minder de maintenir son texte engendre un clivage gauche-droite. Le PS et les Verts se retrouvent bien seuls à le soutenir, alors que la plupart des partis bourgeois et economiesuisse le combattront résolument, estimant le contre-projet suffisant. L'UDC, elle, dit pouvoir vivre avec les deux solutions.

Face à l'opposition du camp bourgeois et à la force de frappe financière d'economiesuisse, Thomas Minder n'aura pas la tâche facile. Il pourra toutefois s'appuyer sur le capital de sympathie dont bénéficie son initiative suite aux excès de certains patrons. Ses adversaires ne cachent d'ailleurs pas qu'ils craignent cet élément.

Selon Philippe Miauton, porte-parole du PLR, un travail d'explication sera nécessaire, car l'initiative a un fort potentiel pour toucher les gens, qui en ont ras-le-bol. La campagne sera difficile, renchérit le conseiller aux Etats Werner Luginbühl (PBD/BE), car l'initiative suscite de la sympathie et le contre-projet, assez complexe, n'est pas facile à expliquer.

Thomas Minder lui-même est bien conscient des difficultés qui l'attendent. Il avoue ne pas savoir où il trouvera le temps et l'argent pour faire campagne. Mais il croit en ses chances, même s'il affirme que "ce sera difficile si economiesuisse débourse 20 millions de francs et placarde une affiche contre chaque arbre".

Minder veut défier Blocher

Le sénateur souligne qu'il sent beaucoup de sympathie dans la base des partis bourgeois et qu'il est prêt à prendre son bâton de pèlerin. S'il reconnaît n'avoir aucune chance de convaincre certains élus de droite, il espère bien moissonner des voix en participant à des assemblées des délégués.

"Peut-être pas au PLR. Mais j'aimerais bien me rendre à une assemblée du PDC. Et certainement de l'UDC. Ce sera donc Blocher contre Minder. Et nous verrons de quel côté penchent les délégués", dit le sénateur indépendant. Selon lui, de nombreux parlementaires de l'UDC soutiennent l'initiative.

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