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Réunion de crise au sujet du franc fort

L'appréciation du franc par rapport à l'euro pénalise l'industrie d'exportation. Berne réunit aujourd'hui les représentants de l'économie et des syndicats pour discuter des mesures possibles.

14 janv. 2011, 12:10

La hausse du franc inquiète tous les acteurs de l'économie: l'industrie d'exportation qui perd sa compétitivité, le tourisme qui voit fondre sa clientèle étrangère et les syndicats qui évoquent la perte possible de 100 000 emplois. Après s'être longtemps contenté de laisser jouer les forces du marché, le nouveau chef du Département de l'économie Johann Schneider-Ammann a décidé de répondre aux sollicitations des milieux concernés. Il a convoqué une séance de la commission de la politique économique. Elle a lieu aujourd'hui à Berne sous la présidence du secrétaire d'Etat à l'économie Jean-Daniel Gerber.

Cette commission consultative composée de représentants de l'économie est chargée de conseiller le gouvernement en matière économique. Il ne faut pas attendre de décision de sa part. Par contre, Johann Schneider-Ammann s'inspirera des avis exprimés pour aborder la question avec le Conseil fédéral. «Il connaît bien les conséquences néfastes du franc fort en tant qu'ancien président de l'association faîtière de l'industrie des machines», rappelle son porte-parole Christophe Hans. «Il met cependant en garde contre des déclarations isolées qui pourraient favoriser la spéculation.» C'est une allusion aux nombreuses idées émises au cours de ces dernières semaines.

Hier, le PS est monté au front pour présenter un bouquet de propositions destiné à ramener le taux de change à un niveau reflétant mieux la situation économique réelle (au moins 1 franc 40 pour 1 euro). Il s'agit d'abord de bloquer les transactions «manifestement spéculatives» contre le franc suisse, quitte à restreindre ponctuellement les transferts de capitaux. Ensuite, la Banque nationale pourrait décider de pratiquer une «politique de l'intérêt zéro» pour éviter une récession induite par le cours du franc. On pourrait même aller plus loin, en appliquant des intérêts négatifs sur les capitaux étrangers placés en Suisse, comme dans les années 1960-1970.

Parallèlement, la Banque nationale devrait accroître la masse monétaire pour continuer d'acheter des euros. Le PS évoque aussi la possibilité (à étudier) de faire comme le Danemark: arrimer le franc suisse à l'euro, en indiquant clairement le cours visé, ou la fourchette admise. Enfin, si le franc fort désavantage l'économie d'exportation, le PS relève qu'à l'inverse, les entreprises d'importations réalisent de fortes plus-values avec la baisse de l'euro: ces gains doivent être répercutés sur leurs prix de vente. Le Conseil fédéral est prié de préparer les bases légales. Pour le PS, la passivité face à cette «crise du franc» peut faire perdre jusqu'à 100 000 emplois.

Autre son de cloche, bien sûr, à Economiesuisse, qui ne partage pas du tout l'alarmisme du PS et pour qui chacune des mesures proposées entraîne un coût disproportionné, peu de résultats effectifs, voire des effets pervers. Ce n'est pas la première fois que le franc suisse sert de monnaie refuge et prend trop de valeur, mais l'économie s'en est toujours sortie en développant sa productivité et ses capacités d'innovation. En outre, le franc fort ne touche pas l'ensemble de l'économie d'exportation (voir l'horlogerie et l'industrie pharmaceutique). Pour Economiesuisse, les mesures autoritaires comportent deux dangers très différents, mais qu'il faut éviter à tout prix: l'inflation et le protectionnisme. /CIM-FNU

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