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«L'UDC n'est pas une épicerie et doit garder un profil clair»

Le Saint-Gallois Toni Brunner, 33 ans, a été élu samedi à Frauenfeld président de l'UDC par l'assemblée des délégués. Il succède à Ueli Maurer. Elu conseiller national en 1995, Toni Brunner passe pour le fils spirituel de Christoph Blocher. Ce dernier ne sera d'ailleurs pas loin, puisqu'il a été élu vice-président et fera partie de la nouvelle direction du parti qui comprendra sept membres, dont le vice-président romand, le conseiller national neuchâtelois Yvan Perrin. Entretien avec le nouveau président de l'UDC.

03 mars 2008, 12:00

La direction de l'UDC a renoncé à aborder la question de l'exclusion d'Eveline Widmer-Schlumpf et de Samuel Schmid. Craigniez-vous une dispute?

Ce n'était pas la crainte du débat qui nous a fait reculer. Mais l'affaire est délicate. Elle soulève des questions juridiques importantes et il n'aurait pas été sérieux de les traiter samedi. Il faut aussi donner la possibilité à la nouvelle direction du parti de se pencher sur la question et de faire une recommandation à l'assemblée des délégués.

Ce n'était donc pas la crainte d'un conflit fratricide qui vous a fait reculer?

Absolument pas. Nous avons tout de même pris une décision à ce propos: l'UDC restera aussi longtemps dans l'opposition que des conseillers fédéraux qu'elle aura désignés elle-même ne seront pas élus. Cela veut dire que le groupe parlementaire restera interdit aux conseillers fédéraux Widmer-Schlumpf et Schmid. Personnellement, je crois qu'ils sont ainsi suffisamment punis. Mais nous devrons débattre des propositions d'exclusion déposées par certains membres.

Lorsqu'on discute avec les délégués, on s'aperçoit qu'il n'y a pas d'unité à ce propos.

C'est vrai. Je crois que ces propositions ont aussi été soumises, parce que nombre de militants sont en colère. Cela nuit au parti lorsqu'on coopère avec l'adversaire. Nous avons toujours annoncé la couleur: celui qui accepte l'élection à la place de Blocher ou qui reste dans le gouvernement après son éviction ne fait pas partie du groupe parlementaire UDC. Si Samuel Schmid et Eveline Widmer-Schlumpf ne se sentent pas à l'aise et ne partagent pas nos objectifs, ils doivent se demander s'ils sont à leur place au sein de l'UDC.

Vous avez d'ailleurs invité ceux qui ne sont pas à l'aise dans le parti à le quitter. Croyez-vous qu'il y aura des démissions?

L'UDC accueille tous ceux qui sont en accord avec nos thèmes: pas d'adhésion à l'Union européenne, pas de nouveaux impôts, soutien à l'initiative «pour le renvoi des étrangers criminels». Celui qui n'est pas sur cette ligne doit se demander s'il a sa place chez nous. Il y a de nombreux autres partis. Mais il n'est pas possible que quelqu'un poursuive une autre politique et ne tire pas les conséquences de son attitude. Chacun doit faire son examen de conscience et décider comment il veut agir.

Ne réduisez-vous pas à néant les possibilités de débattre?

Non. Il s'agit ici d'idées centrales. Mais chaque fois qu'il s'agit de se faire une opinion sur une question nouvelle, nous avons des échanges très vifs, même s'ils se déroulent souvent à huis clos. Nous avons une très bonne tradition de discussion et je me permets de douter que cela soit toujours le cas dans les autres partis. Les propositions peuvent être diverses, mais on est aussi membre d'un parti parce qu'on marche ensemble. Sinon, on se retrouve dans la situation des partis centristes, dont les idées sont du tout-venant, de gauche à droite. Nous ne voulons pas une épicerie, mais un profil clair.

Vous tentez de vous profiler comme un parti d'opposition. Mais on a le sentiment que l'UDC peine à durcir le ton.

Nous nous en tenons à nos promesses électorales grâce auxquelles nous avons obtenu un résultat historique. Ceux qui ont voté pour nous attendent que nous nous engagions à les respecter. Nous ne pouvons donc pas modifier notre politique.

Si le Conseil fédéral fait ce que nous souhaitons, nous ne le combattrons pas. Mais déjà lors des prochaines votations fédérales, nous serons contraints de l'attaquer pour faire passer notre initiative sur les naturalisations démocratiques. C'est un objectif important pour moi. En combattant ce texte, on veut une nouvelle fois museler le peuple et permettre les naturalisations massives par décision administrative. / ERE

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