Gaza
Cyrille Louis
Un filet tiède s’écoule du robinet qui trône dans l’échoppe d’Abou Moaz. «Goûtez, vous n’allez pas en mourir», invite d’une voix goguenarde cet artisan coiffeur installé dans le camp de réfugiés de Deir al-Balah. Le liquide, extrait de la nappe phréatique et acheminé par la mairie, est salé comme de l’eau de mer. Il charrie de surcroît une forte odeur de fosse septique. «Imbuvable», tranche le jeune homme, qui jure ne pas même s’en servir pour shampouiner ses clients. Comme chacun ici, Abou Moaz sait que les réserves naturelles d’eau potable de la bande de Gaza sont presque entièrement contaminées par les infiltrations provenant de la Méditerranée. Et il n’attend pas grand-chose des efforts pour tenter d’enrayer ce processus avant qu’il ne devienne irréversible.
La communauté internationale, régulièrement mise en garde contre la catastrophe écologique qui s’annonce, ne lésine pourtant pas sur les moyens. Selon...