«J’avais du mal à rester à la maison à me morfondre. A la Joliette, on me laisse m’exprimer. Je vois mon travail évoluer et porter ses fruits, c’est valorisant.»

Pour Christophe, ça n’a pas été facile de se retrouver au chômage à 60 ans. Il a été envoyé par l’Office régional de placement (ORP) à la Joliette, dans le hameau de La Jonchère.

Depuis quelques mois, ce paysagiste de formation met son savoir-faire au profit de l’espace vert et de l’atelier d’artisanat, deux secteurs insertion du Centre social protestant (CSP).

L’objectif est de les rendre le plus autonome possible en les responsabilisant.

Joël Ferlisi, responsable de l’espace vert de La Jonchère

A l’instar de Christophe, les personnes qui travaillent au jardin ont souvent eu des parcours semés d’embûches. Jeudi 19 août, nous les avons rencontrées dans ce lieu bucolique à souhait, où elles retrouvent un équilibre et reprennent goût à la vie.

«L’objectif est de les rendre le plus autonome possible en les responsabilisant. Beaucoup ont perdu leur emploi. De nombreuses personnes souffrent aussi de dépendances. Ici, elles retrouvent un rythme de travail», explique Joël Ferlisi, responsable de l’espace vert et de la boutique de seconde main de La Jonchère.

Horticulteur-paysagiste de métier, ce trentenaire a réalisé une reconversion professionnelle dans le social. Au CSP depuis cinq ans, Joël Ferlisi peut ainsi allier les deux activités qui le passionnent.

Le responsable de l’espace vert, Joël Ferlisi (à droite), et Christophe, qui a rejoint le secteur insertion il y a quelques mois. Photo: Lucas Vuitel

«Les produits de A à Z»

Une soixantaine de personnes sont employées dans les différents secteurs, dont six au jardin. Mais ce nombre fluctue en fonction des placements en insertion par l’ORP, l’action sociale et le service de migrations (Smig).

«On fait les produits de A à Z», commente Joël Ferlisi. Fruits, légumes, herbes aromatiques et fleurs embellissent le jardin. Ces produits sont cuisinés au restaurant ou transformés à l’atelier artisanat en confitures et autres sirops, puis vendus.

Les bénéfices des ventes sont ensuite réinvestis dans ces activités. «J’ai essayé de créer des synergies entre les différents secteurs de la Joliette», relève Joël Ferlisi.

Alexandre, qui travaille en insertion au restaurant de la Joliette, est d’ailleurs venu faire son marché au potager. «J’ai cueilli du thym et du laurier pour le repas. On a la chance d’avoir un beau jardin.»

Arrivé il y a deux mois, le cuistot, avait essayé de changer de métier, mais son projet n’a pas abouti. Par la suite, retrouver du job dans la restauration a été mission impossible en raison du Covid.

Garder le moral

Reza, un ressortissant afghan de 24 ans, a été envoyé par le Smig. «J’ai déjà fait du jardinage en Iran», observe, timidement, le jeune homme. Il est arrivé en Suisse en 2015 après un voyage pénible. Cette activité en plein air l’aide à garder le moral, surtout après les récents événements qui secouent son pays.

Contrairement aux personnes en insertion envoyées par le service social ou aux migrants qui peuvent rester au maximum deux ans, celles placées par l’ORP sont engagées pour trois mois. Christophe a cependant commencé son deuxième contrat de trois mois. Une excellente nouvelle pour le sexagénaire.

Après des problèmes de santé dus à un accident, Christophe a lui aussi tenté une reconversion professionnelle, qui a échoué. «A la Joliette, je suis content de partager mes compétences. Je suis un peu limité physiquement, mais je fais ce que je peux.»

En savoir plus: Centre social protestant Neuchâtel

Selon Joël Ferlisi, responsable de l’espace vert, les employés en insertion retrouvent un rythme de travail à la Joliette. Photo: Lucas Vuitel

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Depuis le 1er juin, Mélanie Müller et Aurélie Planas sont les nouvelles directrices du CSP Neuchâtel. Elles ont repris le flambeau à la suite du départ en retraite de Pierre Borer.