Il n’a affolé ni le chrono, ni la concurrence. Mais parmi les 450 participants au triathlon de La Chaux-de-Fonds, dimanche 28 août, David Gerber avait au moins autant de mérite que les autres.

Attablé après la course à la terrasse du restaurant des Mélèzes, ce solide sportif de 42 ans décapsule une canette de boisson énergétique. Drôle de choix? Pas pour ce diabétique de type 1, dont le taux de sucre dans le sang est en chute libre après son effort de 40 minutes sur le parcours découverte.

Lui se sent bien sur le moment, mais Chiara, son border collie croisé staff âgé de 18 mois, a flairé le coup de mou. Elle est venue lécher les mains de son maître pour l’avertir. David la récompense avec une croquette.

Chiara détecte mes hypoglycémies jusque dans mon sommeil.

David Gerber, diabétique

Pour la première fois, tous deux ont fait équipe dans une course officielle. Sur une partie du tracé seulement: la chienne a parcouru les 3 km de course à pied aux côtés de David. «Au début, elle était déboussolée, mais rapidement elle s’est bien calée à côté de moi», se réjouit le Vaudruzien.

Son prochain défi: apprendre à son compagnon à quatre pattes à le suivre lorsqu’il roule à vélo. Pour pouvoir vivre ensemble les deux tiers du triathlon.

L’accident, il y a presque un an

David Gerber a su à l’âge de 20 ans qu’il était atteint de cette «maladie héréditaire». Mais cet ancien vice-champion de Suisse de karaté chez les cadets (en 1999) n’a pas arrêté le sport pour autant.

Aujourd’hui encore, il en pratique «cinq à six fois par semaine». «Cela fait partie de son équilibre. Je le vis bien», assure son épouse Lizia, qui depuis peu est renseignée sur le taux de glycémie de son mari en temps réel et à distance, grâce à une nouvelle application.

La vie de David Gerber a failli basculer il y a bientôt un an, en octobre 2021. Ce jour-là, ce chauffeur professionnel est au volant de son véhicule privé, il ramène ses trois enfants à la maison. L’accident se produit près de chez lui. David a fait un malaise, l’aide de sa pompe à insuline n’a pas suffi…

Le chien capable d’appeler seul les secours

La famille s’en tire sans mal, mais «mes enfants ont été choqués et je l’ai très mal vécu», confie le père de famille. «C’est là que j’ai décidé de vivre avec un chien d’assistance. Chiara détecte mes hypoglycémies jusque dans mon sommeil, il lui arrive de réveiller Lizia pour que je m’alimente.»

Bientôt, le border collie sera capable d’amener lui-même un Coca à son maître, voire d’appeler les secours en cas de nécessité. «Cette éducation prend 12 à 18 mois», explique Stéphanie Huguenot, codirectrice de l’association Medical Flair, qui dispense des cours de formation à l’échelle romande.

Les deux combats de l’ancien karatéka

Depuis 20 ans, se maintenir sur le marché du travail est «un combat» pour le Neuchâtelois atteint du diabète. Avant l’accident, David Gerber avait lancé sa propre entreprise et, aujourd’hui, il est employé comme maçon grutier. En octobre prochain, un an après sa sortie de route, il pourra reprendre le volant. Les expertises, notamment médicales, lui donnent le feu vert.

L’autre combat de cet ancien karatéka sera de «contribuer à attribuer aux chiens une place dans la société plus en rapport avec ce qu’ils peuvent nous apporter».

On fait le point dans un an, après la course, à la piscine des Mélèzes?

Triathlon: quand le maître et le chien courent ensemble

Diabétique, David Gerber n’a jamais renoncé au sport: la preuve au dernier triathlon de La Chaux-de-Fonds, où le Vaudruzien s’est aligné avec son… chien d’assistance, Chiara, un border collie croisé staff de 18 mois.