L’été rime avec repos pour une bonne partie des travailleurs. Pour d’autres, c’est la période la plus intense de l’année. Jean-François Collet fait indubitablement partie de cette deuxième catégorie: il vient d’organiser, coup sur coup, les tournois de tennis de Lausanne et de Gstaad. Et avant cela (et même pendant) il a œuvré pour reconstruire une équipe de Xamax qui tienne la route. Plus que jamais impliqué dans son projet neuchâtelois, le «boss» a tout fait pour que les «rouge et noir» ne revivent pas la même saison que la précédente. Et il ne compte pas s’arrêter là!

Jean-François Collet, quel est votre état d’esprit au moment d’attaquer cette nouvelle saison?

Je suis impatient que le championnat reprenne. J’ai récemment parlé avec le président du FC Zurich (réd: que Xamax a battu 4-1 en match amical) et il a trouvé que notre équipe est fantastique. Mais je modère mon enthousiasme. Je demande à voir. La saison passée je n’aurais jamais imaginé que ce serait aussi difficile.

Au moins, par rapport au dernier championnat, vous avez un groupe déjà constitué…

(Un peu agacé) Vous oubliez que l’été passé a été très particulier. Le championnat s’est terminé très tard à cause du Covid et il a fallu préparer un nouveau championnat en quelques semaines en repartant de zéro! Et en baissant le budget de 9,5 à 4,5 millions.

Cet exercice très compliqué nous a servi de leçon pour cette saison. Nous n’avons pas voulu perdre de temps. Ce que dit Migjen Basha, que nous aurions souhaité conserver dans nos rangs, chez un de vos confrères est exact: nous lui avons fait une proposition et il ne l’a pas acceptée. Nous ne sommes pas revenus à la charge et avons immédiatement actionné d’autres pistes. Nous avons agi de la sorte pour tous les joueurs.

Qu’une chose soit claire: nous n’avons l’intention de nous séparer de personne!

Jean-François Collet, président de xamax

Au final, vous avez pu doubler les postes avant même le début du championnat. Est-ce déjà une réussite?

Comme d’habitude, le terrain apportera la réponse. Mais effectivement, je suis très satisfait de la manière dont s’est déroulé le mercato. Il a été le fruit d’une belle collaboration avec le coach Andrea Binotto, le recruteur Sébastien Fontbonne et le directeur général Tiziano Sorrenti.

Ce contingent est-il définitif ou faut-il s’attendre à d’autres mouvements ces prochaines semaines? Un départ de Mafouta avait été évoqué…

Qu’une chose soit claire: nous n’avons l’intention de nous séparer de personne! Nous n’avons pas reçu de demandes pour Louis et, à mon avis, il va rester. Cependant – et cela vaut pour chaque joueur – si une offre que nous jugeons adéquate devait nous parvenir, nous pourrions le laisser partir. Cela avait été le cas, la saison passée, avec Musa Araz à Sion. Et dans ce cas, nous chercherions évidemment un remplaçant sur le marché. Et puis, on n’est jamais à l’abri d’une grave blessure qui nous obligerait à agir…

Je préfère finir cinquième avec plusieurs jeunes sur le terrain que troisième avec une équipe sans avenir.

Jean-François Collet, président de Xamax

En quoi avez-vous le sentiment que l’équipe est plus compétitive cette saison?

Lors du dernier championnat, nous dépendions trop de quelques joueurs. S’ils n’étaient pas là, l’équipe était clairement affaiblie. Ce ne devrait pas être le cas cette saison. La concurrence est très forte et je ne crois pas qu’un seul joueur soit assuré de sa place. J’imagine que notre entraîneur se fera des cheveux blancs à chaque fois qu’il devra désigner ses onze titulaires (il rit).

4,5

En millions de francs, le budget pour la saison 2020-2021 de Xamax.

Andrea Binotto a justement admis qu’il avait l’équipe qu’il souhaitait et que c’était à lui de jouer. Quel objectif lui avez-vous fixé?

Je ne veux pas mettre d’emblée la pression sur le coach. J’ai envie qu’on s’inscrive sur un projet à moyen terme. Je souhaite simplement voir une réelle progression par rapport à la saison passée. J’aimerais aussi que les jeunes bénéficient de davantage de temps de jeu. Je préfère finir cinquième avec plusieurs jeunes sur le terrain que troisième avec une équipe sans avenir.

En parlant de jeunes, êtes-vous satisfait de la transition entre la Fondation Gilbert Facchinetti et la Xamax Academy?

J’en suis enchanté. A présent, il y a une vraie collaboration entre le secteur juniors et la première équipe. C’est un élément capital pour pérenniser un club comme Xamax: il faut que chaque année un ou deux joueurs s’imposent en Challenge League. La saison passée, Yoan Epitaux et aussi Endrit Morina se sont bien intégrés. Je souhaite qu’ils puissent poursuivre leur progression, gagnent leurs galons de titulaires et que d’autres jeunes de l’Academy aient leur chance. Et ainsi de suite chaque année, jusqu’à avoir la moitié de l’équipe composée de joueurs formés au club. Ce serait l’idéal.

Lors de la présentation de l’équipe aux sponsors, le vice-président Grégory Binggeli a évoqué une promotion dans un ou deux ans. Est-ce réaliste?

On n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise, mais j’occupe des postes de direction dans le foot depuis 2006 et cela me semble optimiste. Si je me base sur mon expérience à Lausanne, je me dis que Xamax pourra viser la montée dans trois ou quatre ans.

Neuf des nouveaux Xamaxiens. De gauche à droite: Mathieu Gonçalves, Théo Guivarch, Yanis Lahiouel, Max Veloso, Maren Haile-Selassie, Karim Gazzetta, Liridon Berisha, Mats Hammerich et Burak Alili. Manquent sur la photo: Ange Dakouri, Dylan Tavares et Ayoub Ouhafsa. Photo: Christian Galley

Pourtant, cette saison, il n’y a pas de club qui paraît clairement au-dessus de la mêlée. N’y aurait-il pas un coup à jouer?

Chat échaudé craint l’eau froide. Après ce qui s’est passé la saison dernière, je vois les choses à l’opposé: je dirais qu’il n’y a pas un seul club qui semble vraiment plus faible que les autres, comme pouvait l’être Chiasso. Et encore, sur le papier uniquement. Je m’attends à un championnat très équilibré avec trois équipes qui me paraissent un peu au-dessus des autres: Vaduz qui n’a quasiment pas changé son contingent déjà compétitif en Super League; Thoune, qui a manqué la promotion d’un point et s’est renforcé, de même qu’Aarau. Peut-être Kriens ou Wil pourraient être un peu moins compétitifs. A voir… Je souhaite bien sûr que Xamax finisse dans la première moitié du classement.

Financièrement, comment se porte le club en ces temps difficiles de pandémie?

Avec ce qu’a vécu Xamax, ma priorité absolue est clairement d’éviter tout risque de faillite. Contrairement peut-être à d’autres clubs, nous avons été très attentifs avec cette crise du Covid. Nous avons pris des prêts de la Confédération et avons reçu des aides à fonds perdu. Nous avons bouclé dans le rouge, mais dans une mesure acceptable par rapport à mes possibilités financières.

Concrètement, quel sera le budget de Xamax la saison prochaine?

Il devrait être comparable à celui de la saison passée, à savoir 4,5 millions de francs, voire un peu plus, pour la première équipe. Si on inclut la Xamax Academy, il devrait avoisiner les 5,5 millions.

Les gens ont compris que j’étais capable d’aider le club à vivre. Mais je ne suis pas Christian Constantin!

Et ce même si vous avez offert la gratuité pour le renouvellement des abonnements?

Oui. A ma connaissance Xamax est le seul club à l’avoir fait mais cela me semblait normal. Il faut respecter les plus fidèles clients et la saison passée ils n’avaient pu assister qu’à très peu de rencontres. Ils avaient la possibilité d’effectuer des donations et j’ai été extrêmement touché par le très fort soutien reçu. Les fans ont beaucoup versé, l’équivalent du cinquième du prix des abonnements, alors qu’ils n’étaient pas tenus de le faire.

Etes-vous donc entré dans le cœur des Neuchâtelois?

Je pense en tout cas que les gens ont compris que j’étais capable d’aider le club à vivre. Mais je ne suis pas Christian Constantin! Je n’ai pas sa surface financière, j’ai besoin que les forces se mobilisent autour du club. Les réponses ont été très positives jusqu’à présent, avec de nouveaux partenaires, un nouveau fournisseur de maillots. Je suis convaincu qu’en travaillant bien, que ce soit au niveau de l’hospitalité, de l’animation, de la recherche de sponsors, il existe encore un réel potentiel à exploiter.

Retour au stade de la Maladière, mode d’emploi

Dès ce vendredi soir 6 août, avec la venue de Kriens (20h30), les fans de Neuchâtel Xamax pourront à nouveau investir la Maladière. Mais avec des ajustements inhérents à la pandémie.