Il y a presque quatre ans, «A bon entendeur», l’émission de consommation de la RTS, faisait un tour de Suisse romande du prix de l’essence. La palme de la station la moins chère revenait au petit centre commercial Rasthof-Platanenhof à Gampelen. Juste derrière, d’autres stations neuchâteloises affichaient des prix tout aussi attractifs, entre dix et vingt centimes moins chers que dans les autres cantons.

Aujourd’hui, c’est bien fini, révèle le nouveau comparateur des prix de l’essence du TCS, lancé le 28 novembre. Les prix de Gampelen restent concurrentiels (1,68 franc, ce 29 décembre, pour le sans-plomb 95), mais sont devenus plus élevés que dans plusieurs autres localités bernoises, ainsi que dans le canton de Fribourg.

La proximité de la raffinerie de Cressier a longtemps expliqué les prix bas dans les environs.

Massimo Gonnella, porte-parole du TCS

Mis à part le cas particulier de Samnaun, enclave fiscale aux Grisons, l’essence la moins chère de Suisse (1,59 franc) se trouve en effet en Gruyère, à Riaz. Et ce prix particulièrement bas n’est pas sans conséquence sur la concurrence: dans toute la région bulloise, le prix tourne en moyenne autour de 1,65 franc.

Moins cher à Neuchâtel et Saint-Aubin

Dans le canton de Neuchâtel, par contre, le prix le plus bas que nous avons relevé n’est pas affiché dans les stations les moins chères de 2019. Le Centre de l’île à Boudry est à 1,77 et le Pit-Stop de Boudevilliers à 1,78.

Les trois pompes les plus intéressantes (1,74 franc) sont désormais en ville de Neuchâtel et à Saint-Aubin.

Dans le haut du canton, il faut compter un centime de plus pour les offres les plus avantageuses. Absente du comparateur du TCS, la station Grenacher à la rue du Collège à La Chaux-de-Fonds est pour sa part aussi à 1,74. Seul autre canton romand à proposer ce prix minimal, celui de Genève, connu pour ses tarifs globalement plus élevés.

Comment s’explique cette remontée des prix de l’essence à Neuchâtel par rapport aux autres cantons? Du côté du TCS, le porte-parole Massimo Gonnella n’a pas vraiment d’autres explications que le jeu de la concurrence.

Effet de la concurrence

«Pendant longtemps, la proximité de la raffinerie de Cressier, qui fournit le quart des produits raffinés pétroliers en Suisse, a expliqué les prix bas dans les environs. Aujourd’hui, on constate que ce n’est plus le cas.» Il semble surtout que certains indépendants, avec un bon emplacement et des charges basses, proposent des prix agressifs et entraînent dans leur sillage leurs voisins.

A contrario, les propriétaires des petits centres commerciaux avec station-service de Gampelen, Boudevilliers et Boudry semblent désormais moins enclins à attirer à tout prix une clientèle surtout intéressée par le tarif du carburant.

Ce jeu de la concurrence pourrait cependant reprendre avec le développement des comparateurs. En Suisse romande, l’homme d’affaires Romain Boichat en avait lancé un, ton-plein.ch, au début du mois d’octobre 2022. «Nous sommes le petit poucet et ne recevons pas assez de mise à jour de prix», explique-t-il. En le consultant, on constate qu’effectivement certains prix ne sont plus d’actualité.

La force de frappe du TCS

En face, le comparateur du TCS bénéficie de la force de frappe du principal club de mobilité de Suisse. «Les résultats dépassent nos attentes», indique Massimo Gonnella. «En un mois, nous avons 16 000 utilisateurs qui se sont inscrits et 200 000 données ont été enregistrées.»

Le porte-parole du TCS explique le succès du comparateur par l’attente des consommateurs. «Dans une année normale, le prix de l’essence change entre 20 et 25 fois. En 2022, il y a eu une cinquantaine de corrections.»

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La carte du comparateur des prix de l'essence du TCS.

Au niveau politique, des élus plaident pour la mise en place d’un comparateur officiel fédéral. Sur le modèle de ce qui se fait en Autriche depuis 2011, explique ainsi le conseiller aux Etats soleurois Pirmin Bishof (Le Centre) qui indique qu’après sa mise en service, le prix de l’essence a baissé de 20%.

La motion Bishof a été acceptée en septembre au Conseil des Etats. Un texte similaire, déposé au Conseil national, a été voté le 14 décembre. En France également, un comparateur officiel a vu le jour.

Reste à savoir si le tourisme de l’essence est rentable. Le TCS recommande «la règle des trois 5»: gagner 5 centimes par litre ne vaut la peine que pour un détour de 5 km (10 km aller-retour) et un plein de 50 litres

Neuchâtel ne propose plus l’essence la moins chère de Suisse romande

Les stations-service de la région neuchâteloise n’offrent plus, comme autrefois, les prix les plus bas de Suisse. Selon le TCS, l’essence la moins chère se trouve en Gruyère.