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Un joli «Coin de terre»

Première étape de promenades dans les quartiers des villes du Haut, les Allées, au sud-est de La Chaux-de-Fonds. Les maisons familiales ont été construites vers 1950, avec un objectif social et de bien-être Les Allées! C'est ainsi que l'on nomme communément ce quartier entre les rues du Grenier et le chemin du Couvent, à La Chaux-de-Fonds. Ce nom vient des allées d'arbres se trouvant sur le vaste domaine agricole du Creux-des-Olives. Au début du XVIIIe siècle, il appartenait au grand-père de Fritz-Courvoisier, indique Frédérique Steiger-Béguin, urbaniste communale. Il comprenait une maison de maître (Couvent 29) et une ferme, l'une des plus anciennes de la ville, (Couvent 28). A la mort du dernier propriétaire, M. Sandoz, sa veuve a vendu ce vaste domaine à la commune de La Chaux-de-Fonds.

25 juil. 2006, 12:00

Une véritable aubaine en ce temps de pénurie de logements. En septembre 1946, selon la presse de l'époque, un projet de construction de maisons familiales, à l'image du Coin de terre genevois, était lancé par Marcel Piffaretti, de la menuiserie coopérative, Albert-Edouard. Wyss, architecte, et André Chopard.

L'année suivante se constituait l'association du Coin de terre neuchâtelois - toujours active -, englobant le domaine du Couvent, mais aussi Solmont (avec la rue Charles-Humbert), en ouest des tennis et Jolimont, de l'autre côté de l'actuel boulevard de la Liberté. Objectif: construire des maisons familiales à un prix accessible pour tous, y compris les ouvriers, sans que le confort et la qualité en pâtissent.

Cité-jardin

Marcel Piffaretti rêvait d'une cité-jardin, ensoleillée, gazonnée et verdoyante qui assurerait le maximum d'hygiène et de sécurité pour la famille et les enfants. Avec une donnée sociale car, en cas de chômage ou de décès, la famille recevrait une aide pour ne pas se trouver sans issue.

Ce projet a d'emblée récolté des louanges. Dans sa conception de la «Colonie du Couvent» - comme nommée dans les articles de l'époque -, l'architecte Albert-Edouard Wyss rompait avec le plan d'alignement de la ville. Disposition espacée et en quinconce pour que les maisons soient exposées au soleil, du lever au coucher.

Vision futuriste encore, décrite dans la presse, avec le refus de grandes artères rectilignes et de trottoirs, «de simples bordures de gazon suffisent», pour la tranquillité avant tout. «Que les autos n'y circulent pas ou presque pas!» La route principale a la largeur du triangle pour la neige, mais elle est réservée aux piétons. Ce fut fait et c'est toujours ainsi.

Par contre, une clause interdisait les clapiers sur ces parcelles de 1200 mètres carrés. Il était recommandé d'arboriser et de fleurir et de nombreux jardins potagers ont été aménagés. Même les barrières entre les propriétés n'étaient pas prévues. Elles ont été construites en bois et souvent munies de portails pour se rendre visite entre voisins car la convivialité a toujours été de mise.

A l'intérieur

La disposition intérieure était décrite avec admiration: sur un étage, quatre chambres lumineuses, cuisine coquette, hall d'entrée où l'on mangeait, «un vrai changement pour les familles modestes», relève une habitante de la première heure, salle de bains et WC séparés. Sous le toit, un espace aménageable ou deux chambres supplémentaires. Au sous-sol: cave, séchoir, buanderie, chauffage, soute à charbon et parfois garage. Tout cela pour le prix de 55.000 francs, avec une mise de fonds de 6000 francs et des mensualités de 55 francs, amortissant le capital en 30 ans.

Le Coin de terre a été officiellement inauguré en 1950 avec fanfares, discours et de nombreux édiles se congratulant sur un même point: «Il fallait construire coûte que coûte pour garder nos industries et nos ouvriers!»

Dans les 39 maisons construites, on comptait 162 habitants, dont 42 enfants. / IBR

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