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Quartier-Neuf, idée neuve

C'est par le Quartier-Neuf, à l'est du Locle, que se poursuivent nos balades à travers les villes du Haut. Au milieu du XIXe, on y a conçu, sous forme de coopérative, des maisons pour la classe ouvrière Le Quartier-Neuf, qui fut appelé aussi Quartier du Progrès, «c'est un exemple qui pourrait être une référence par rapport à l'Unesco», commente l'architecte communal, Jean-Marie Cramatte. On sait que Le Locle est, avec La Chaux-de-Fonds, candidate à l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco.

26 juil. 2006, 12:00

En 1855, Edouard Thévenaz et Henry Grandjean, patron, grand horloger, révolutionnaire de 1848 et philanthrope, annoncent qu'ils veulent construire des maisons à bon marché, saines et sans luxe, pour la classe ouvrière. Et cela sous forme de coopérative.

«Une grande idée du socialisme pratique»

Un avis aux habitants du Locle, daté d'octobre 1855 précise que le but est «de faire autant de propriétaires que possible, en engageant les locataires, par un premier versement de fonds de 100 francs jusqu'à concurrence de 5000 francs, versés par fractions, à devenir propriétaires et à être logés à bon marché».

Les principes du Sonnenbau

Ce qui avait aussi pour but de lutter contre la spéculation immobilière. L'argument hygiéniste est important pour les concepteurs: salubrité, lumière, aération, suivant les principes du Sonnenbau, développé par le médecin allemand Bernhard-Christoph Faust, afin de lutter contre les épidémies.

Un terrain à bâtir pour 40 maisons est acquis près de la maison que Grandjean s'est fait construire en 1831 (aujourd'hui Girardet 62). L'architecte Hans Rychner dresse les premières esquisses. Le plan de quartier prévoit la construction de 23 massifs (ensemble de trois à six maisons) en bandes et trois massifs irréguliers. Les travaux ne sont pas ralentis par la tentative, avortée, du coup d'état royaliste du 3 septembre 1856, relate l'«Almanach de la République et canton de Neuchâtel». «En entendant les partisans de l'ancien régime clamer: «Vive le roi, à bas la République, à bas les chemins de fer, à bas le quartier neuf!» on ne peut qu'être convaincu de l'impact idéologique que représente la construction de ce quartier ouvrier».

Accès à la propriété

En 1857, on fête la levure des 18 premières maisons. Un ouvrier français propose: «Et maintenant, mes amis, baptisons ce nouveau village d'un nom qui ne vieillisse jamais, appelons-le le quartier du Progrès!» Tandis qu'Auguste Lambelet (relate Jung) rappelait les mobiles ayant inspiré l'association immobilière: «Une grande idée de socialisme pratique, l'application du système fraternel et fécond de l'association, un commencement de solution du logement à bon marché, enfin, pour l'ouvrier, l'ouverture d'un facile accès à la petite propriété».

Le quartier s'étoffe. On y ouvre divers commerces et l'auberge des Industriels (qui deviendra le café des Chasseurs, connu loin à la ronde à l'époque pour ses célèbres filets de perche!)

Puis, la situation économique se dégrade, le chemin de fer du Jura industriel dépose son bilan en décembre 1860, les finances de la ville sont catastrophiques, la population passe de 9500 habitants en 1859 à 8900 en 1862. La moitié du quartier projeté est construit et les initiateurs de l'entreprise philanthropique doivent passer la main à d'autres gestionnaires. Mais l'homogénéité du quartier a été sauvegardée. Les 13 massifs d'origine ont conservé leur volume, et le Quartier-Neuf, situé entre la zone industrielle et le centre-ville, à l'est du Locle, a conservé tout son charme. / CLD

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