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La maison de commune de La Sagne abrite un alligator dans le grenier

D'un musée à l'autre, les institutions des Montagnes nous parlent de ce que le public ne voit pas, histoire de baliser le chemin jusqu'à la Nuit des musées (17 et 18 mai). Le petit musée de La Sagne, voué au passé du village-rue, constitue l'étape d'aujourd'hui. Chaleureux et incongru, il en rassemble un bazar, le petit musée de La Sagne! Il faut dire que, niché dans les hauteurs de la Maison de commune, il collecte tout objet en lien avec le passé sagnard si bien qu'entre un botte-cul fatigué et un piano mécanique au souffle court, on peut voir un hameçon à poulpe de Nouvelle-Calédonie ou une très belle collection de flèches africaines.

07 avr. 2008, 12:00

Aussi exotiques soient-elles, toutes ces pièces sont liées d'une manière ou d'une autre au passé du village-rue. Laurent Huguenin confie qu'un alligator du 19e siècle sommeille dans les réserves du grenier et que le reptile pourrait bien secouer un peu sa poussière et venir tâter du croc les visiteurs de la Nuit des musées.

Laurent Huguenin et Roger Vuille forment le binôme qui préside bénévolement à l'existence du musée. Le premier, ancien directeur du collège des Forges et professeur d'histoire à la retraite, est appelé à prendre la relève de Roger Vuille qui joue les mentors selon, dit-il, «le principe des vases communicants», ce qui a l'avantage, relève l'autre, «de remplir le second sans vider le premier». Très complices, les deux hommes ont souvent l'air de mijoter un bon coup, ce qui leur permet d'abattre efficacement de la besogne, et il y en a dans ce petit musée hautement sympathique.

La gestion d'une collection aussi hétéroclite requiert deux qualités principales, selon les conservateurs. La première est d'avoir le contenu du musée bien en tête et de savoir dans quelle brocante fureter pour trouver les pièces qui enrichiront les collections. «Il faut avoir l'?il», résume laconiquement Roger Vuille, qui l'a bien aiguisé. La seconde qualité d'un tel conservateur procède de la multiplication des talents propre à l'homme-orchestre.

En témoignent le démontage et le remontage dans le musée de l'ancienne horloge du temple, en 1999. Une fort belle horloge dont le mouvement date du 18e siècle et pèse dans les 400 kg. «On ne pouvait pas le descendre comme ça. Alors nous l'avons démonté, en photographiant chaque étape. Nous avons pu le transporter ainsi. Ensuite, nous l'avons remonté dans le musée en inversant la série de photos», raconte Roger Vuille. Les problèmes d'équilibre ont aussi été réglés à l'astuce.

Très bricoleur, féru d'électronique et d'informatique, Roger Vuille a refait lui-même tout l'éclairage du musée, de même qu'il a réparé le vieux piano mécanique. «Nous sommes bénévoles donc nous sommes créatifs, nous avons de l'imagination et pas d'obligations», martèle Laurent Huguenin. «Il faut avoir une multitude de petites cases et les ouvrir au bon moment», illustre Roger Vuille.

Actuellement, les deux conservateurs se sont lancés dans l'inventaire informatisé des collections. Un travail qui va les occuper un certain temps, car les vitrines comme les réserves - ainsi que la grange du restaurant de commune, qui abrite des objets aussi maniables qu'un camion de pompier et des machines diverses - sont pleins à craquer. Tellement pleins que le musée est contraint de refuser des dons parfois intéressants. Roger Vuille sourit: «Nous avons dû refuser un uniforme qu'une famille de Berne nous offrait, parce que nous ne pouvons pas l'exposer. Mais nous pouvons encore caser une cuillère.» /SAB

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