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«Une Suissesse sur cinq est victime de violence conjugale»

Pour marquer le dixième anniversaire de son fonctionnement dans le canton de Neuchâtel, Solidarité femmes présente une exposition au péristyle de l'Hôtel de ville. Lise Gerber, intervenante en violence conjugale, revient sur le parcours de l'association. Le poids des maux, le choc des photos... Les posters réalisés par les étudiants de 2e année de design graphique de l'école d'Arts appliqués de La Chaux-de-Fonds sur le thème de la violence conjugale, se veulent anomymes, cliniques, parfois symboliques. Ici, une langue ficelée. Pour dire l'impossibilité d'avouer les coups reçus? Là, un dos marqué d'un hématome, souvenir d'un geste avec lequel l'amour n'a plus rien à voir.

29 nov. 2007, 12:00

Lise Gerber, sur quelle base le jury a-t-il sélectionné les ?uvres présentées par les élèves?

Le jury a fait son choix par élimination. Il a réuni deux professeurs de l'Ecole d'arts appliqués, la présidente de l'association Solidarité femmes, une membre de notre comité ainsi qu'une intervenante en violence conjugale. Il a demandé aux étudiants de faire comprendre de manière explicite que toute femme peut être touchée par la violence conjugale.

L'association Solidarité femmes de Neuchâtel a été fondée en 1994, avec un centre de consultation et un foyer ouvert depuis 1997. Comment a évolué l'association depuis?

Un comité de femmes bénévoles a sensibilisé les décideurs. Notre association a finalement été reconnue d'utilité publique en 2001 par l'Etat de Neuchâtel. Elle est rattachée au Service des établissements spécialisés. Nous travaillons aujourd'hui en collaboration avec le service psychoéducatif de la Croix-Rouge, dans le cadre d'entretiens mères-enfants et nous sommes partenaires du site www.violencequefaire.ch émanant du Bureau de l'égalité du canton de Vaud.

Comment fonctionne ce site?

Cet outil permet notamment de rompre le silence qui entoure la violence conjugale. Interactif et anonyme, il cible différents publics et diffuse des informations auprès d'un grand nombre d'internautes. Il touche ainsi des personnes qui ne solliciteraient pas forcément nos services. Grâce aux répondant(e)s, par ce biais, ces personnes obtiennent des informations.

Une association a également été ouverte à La Chaux-de-Fonds en 1997...

Oui, ceci grâce à la détermination d'un comité de bénévoles créé en 1994. Les femmes victimes de violence conjugale bénéficient non seulement d'un lieu d'hébergement, mais également d'écoute, de soutien, d'information et de conseils.

La violence conjugale est-elle en augmentation?

Pas forcément, mais c'est devenu un sujet dont on parle de plus en plus. Selon les chiffres les plus récents, une femme sur cinq subit de la violence conjugale. Quant aux femmes qui n'en parlent pas ou peu, il s'agit essentiellement de migrantes vivant dans la précarité.

Pour quels genres de problèmes, les femmes font-elles appel à vous?

En premier lieu, elles s'approchent de nous afin de parler des situations très douloureuses, auxquelles elles sont ou ont été confrontées, telles que les violences physiques, psychologiques, sexuelles et économiques. Puis au fil de nos entretiens, nous pouvons leur offrir une écoute, les accompagner dans leur réflexion et dans leur reconstruction. Nous leur prodiguons des conseils spécialisés par rapport aux démarches qu'elles souhaitent entamer, toujours en partant de leur demande.

Les femmes viennent-elles spontanément vers vous ou des amies ou des proches les aident-elles à faire le pas?

Nous rencontrons tous les cas de figures. Il arrive effectivement que des femmes battues soient mises en contact avec nous par l'intermédiaire d'amies, de membres de leur famille, leur avocat, ou d'autres proches... Mais nous ne les accompagnons que si elles viennent à nous en faisant le premier pas. Un simple coup de téléphone suffit. Ce premier pas peut être extrêmement difficile à faire. Elles ont souvent peur de perdre la garde de leurs enfants, de se retrouver dans une situation économique précaire. Elles craignent aussi que leur conjoint ait une réaction violente.

De quelle nationalité sont les femmes que vous rencontrez?

Ce sont des Suissesses, pour la plupart. Car de nombreuses migrantes sont isolées socialement et ne connaissent pas nos services. Cela dit, il faut aussi savoir que la violence conjugale touche toutes les classes d'âge et toutes les couches sociales. / TTO

Exposition au péristyle de l?Hôtel de ville, jusqu?au 7 décembre. Une permanence téléphonique de l?association est en place au 032 968 60 10
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