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Le bédéiste Stephan Bersier traque le génie de la Métropole horlogère

Une exposition à la Maison d'ailleurs et deux BD collectives: les événements se précipitent pour le Chaux-de-Fonnier Stephan Bersier. Fasciné par la ville horlogère, il en a fait le personnage principal d'une BD qu'il cherche à éditer. La nuit, il sillonne les rues de La Chaux-de-Fonds au volant de son taxi. Un gagne-pain qui est aussi un moyen privilégié de flairer l'air nocturne de la ville qu'il titille ensuite de la pointe de son bic. Car Stephan Bersier est un dessinateur compulsif captivé par l'âme étrange des villes, qu'il nomme parfois «génie du lieu». Ce Neuchâtelois à demi hongrois s'est installé dans les Montagnes par fascination pour La Chaux-de-Fonds, dont la «poésie urbaine» est devenue le personnage principal d'une BD qu'il cherche à publier.

19 oct. 2007, 12:00

«C'est une source d'inspiration énorme», raconte-t-il. C'est encore dans les atmosphères chaux-de-fonnières qu'il puise l'énergie sombre de la série de dessins qu'il accrochera dès le 28 octobre à la Maison d'ailleurs, à Yverdon, dans le cadre de «L'expo qui rend fou» consacrée à l'écrivain H. P. Lovecraft, décédé il y a 70 ans. Une vingtaine de ses dessins côtoieront ceux de H. R. Giger, Caza, Tom Tirabosco, Mix et Remix, Cosey et les Chaux-de-Fonniers Plonk et Replonk, pour ne citer que quelques beaux noms parmi la centaine d'artistes sollicités.

«Le génie du lieu est un thème qui me turlupine depuis mes études d'architecture, mais je n'arrive pas à savoir ce que c'est, ce qui fait qu'un lieu est plus que la somme des matériaux et de l'espace qui le composent, quelque chose d'insaisissable. Cette problématique est au c?ur de mes BD.» L'intangible hante aussi les planches de Stephan Bersier inspirées de Lovecraft.

Il n'a pas voulu bourrer ses dessins de monstres tentaculaires - il s'en est accordé un seul, et un beau! -, mais a voulu rendre par les lieux l'inquiétude et l'onirisme qui sourd des récits fantastiques de l'auteur américain. La Chaux-de-Fonds qu'il montre est celle de l'époque de Lovecraft, celle du début du XXe siècle. «Je ne vais pas dessiner des pendus et des démons», rigole-t-il. «Ce ne sont pas des mondes que j'invente, mais un regard sur le réel. L'ambiance glauque, la peur, sont dans l'?il qui se pose sur les choses.»

Stephan Bersier est un minutieux. Lorsqu'il esquisse son premier dessin, il a déjà fourni un énorme travail de recherche, de photos, de découpage, de réflexion sur la démarche. «La phase de dessin est assez vite expédiée: il est vital d'être bien préparé, mais il faut garder de la spontanéité.» Lui, il aime la brutalité du trait jeté sur le papier. Foin des crayons et autres traces éphémères: lui, il travaille au stylo-bille (quatre couleurs) et au tipex. «Pas de crayonné, pas d'encrage, mais beaucoup de travail informatique après, notamment dans le travail des textures, pour salir encore l'image.»

Ce n'est pas dans la BD que Stephan Bersier trouve ses influences. Il cite bien Franck Miller, le Rosinski des débuts, Scott McCloud, mais c'est surtout la brutalité noire de musiciens comme Nine Inch Nails, les Young Gods ou Marilyn Manson qui nourrit son inspiration, à mi-chemin entre l'obscur et l'enchantement. / SAB

«L?expo qui rend fou», Yverdon, La maison d?ailleurs, du 28 octobre au 6 avril. Stephan Bersier a participé à deux ouvrages collectifs: «Virus», édité par le groupe Sida Genève pour ses 20 ans (www.groupesida.ch) et «Tattoo», publié par le site www.tattoo-passion.com
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