Jeune, (39 ans), élégant, affable, Magid Khoury est depuis juillet le nouveau propriétaire de ce que les Chaux-de-Fonniers appellent toujours «l'ex-ABM». Une coquille commerciale vide qui fait tâche au centre-ville depuis sa fermeture en avril 2002. Pourquoi cet espace est-il resté si longtemps vide? L'investisseur genevois qui étend ses activités en Suisse romande dans le «retail» (arcades et centres commerciaux), n'en sait rien. Mais - est-ce ses origines libanaises? - son sens apparemment raffiné des affaires l'a convaincu d'acheter. Combien? Motus.
«On parlait tellement négativement de La Chaux-de-Fonds que j'ai pris ma voiture et j'y suis venu», explique Magid Khoury. Après avoir collecté ses renseignements, sa conclusion est claire: «Je trouve cette ville complètement sous-évaluée. Si j'ai raison, je prends une très bonne position sur la durée».
Et l'homme ne pose pas ce jugement qu'en termes financiers. «J'ai été séduit par la largeur de votre avenue, c'est une bouffée d'oxygène qui caractérise bien la générosité de la ville et de ses habitants.»
La société de Magid Khoury, Capvest Advisors, est déjà propriétaire de l'immeuble qui abrite l'UBS voisine, depuis une année et demi. Avec l'ex-ABM, il veut remettre en valeur tout le front du complexe. Parce que «c'est le point le plus central de la ville après la gare», dit-il. Pour rendre au centre «son honneur», il veut quelque chose d'épuré et de chaleureux, jouant avec les matériaux, les couleurs et les lumières. La marquise par exemple, jugée oppressante, sera remplacée par une plus fine.
L'ex-ABM restera un espace commercial. Il n'est question ni de restauration ni de discothèque. Au plain pied, un premier locataire a signé: la banque Migros (lire ci-dessous). «Pour les 1200 m2 de surfaces commerciales restantes entre le rez et le 1er sous-sol, Magid Khoury cherche «une enseigne de premier ordre», plutôt une grande marque textile, quoiqu'il y verrait bien une chaîne comme la Fnac. «J'ai encore le temps», estime-t-il.
Les travaux de réfection commenceront dès le permis délivré, si possible au début de l'année prochaine. Les locaux remis aux normes, y compris les bureaux du 1er étage et le dépôt du 3e sous-sol, en tout 2500 m2, pourraient être prêts au printemps. L'aménagement sera au goût et à la charge du locataire. «Ah, j'oubliais, nous ouvrirons aussi la façade nord en vitrines», ajoute l'homme d'affaires. Entre place du Marché rénovée par la Ville et Espacité, il y pressent la naissance d'un vrai flux piétonnier. «Je crois à ce centre-ville», conclut-il. /RON