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Doux manipulateurs et mutants fragiles

Ilka Schönbein et Oskaras Korsunovas ont des univers diamétralement opposés. Mais ils inventent des formes. Ilka et Oskaras manipulent. Elle vient d'Allemagne et offre de la polenta à l'ail confectionnée sur le plateau de L'Heure bleue, samedi. Il dirige le théâtre de la ville de Vilnius en Lituanie et laisse le spectateur s'en aller sur «Only You» d'Elvis Presley, dimanche à Beau-Site. Dans le cadre de la Semaine internationale de la marionnette, La Chaux-de-Fonds a accueilli ce week-end deux virtuoses du théâtre de gestes, deux baladins du corps déguisés en prothèse, deux sculpteurs d'imaginaire.

06 nov. 2007, 12:00

Et, pourtant, tout s'oppose dans les démarches théâtrales développées depuis de longues années et reconnues au niveau international d'Ilka Schönbein et Oskaras Korsunovas. La première travaille de façon artisanale sur l'objet, le déchet. Elle fait vivre amoureusement des cabanons pourris, des roues de vélos voilées, des poupées usées jusqu'à la corde. La désuétude amoureuse comme viatique. Et l'abandon comme figure centrale de son expression. Le second traque la modernité et ses artifices sans relâche. Câbles orange disposés en vrac sur le plateau, esthétique proche du clip, détournement de logos publicitaires. Il impose des déflagrations ultra contemporaines, du superléché ironique.

On pourrait dire d'Ilka et d'Oskaras qu'ils traquent l'enfance et ses mutilations. Ils finissent par façonner une personne qui trouve des réponses au théâtre, ou qui utilise ce lieu pour douter. Dans «Chair de ma chair», Ilka Schönbein part de «Pourquoi l'enfant cuisait dans la polenta», récit bouleversant et bricolé d'Aglaja Verternayi, pour inventer un corps d'artiste. Avec ses deux complices comédiennes, elle construit un imaginaire riche, où les monceaux d'identité, les visages froissés, les langues étrangères jaillissent de par-dessus l'épaule.

Tout grince, ne fonctionne pas vraiment, mais la brocante du rêve délivre des pépites tendres et désespérées. Comme dans l'arte povera, la récup, l'astuce deviennent le c?ur (d'artichaut) du rêve. Les troubles féminins apparaissent avec une violence troublante de vérité. Chez Korsunovas, malgré l'intelligence des acteurs et leur performance de poésie sonore, le résultat est plus monolithique. Son intervention ferait merveille dans un Centre d'art. / ACA

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