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Dans le sillage des peintres russes

Un panorama de l'art russe au 19e siècle, où se côtoient des œuvres d'artistes confirmés et les dessins d'amateurs. C'est à voir dès demain au Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds.

20 mars 2009, 09:52

Des architectures italiennes et des paysages russes. Des portraits mondains et d'autres plus «exotiques». Des marines et des cavaliers kirghiz ou bachkirs. L'œuvre de peintres et voyageurs russes du 19e siècle, traversée par les courants de l'époque. On y décèle l'empreinte du romantisme, l'essor des courants pleinairistes, l'affirmation d'un réalisme social. Toute une collection qui dormait dans les réserves du Cabinet des dessins du Musée d'art et d'histoire de Genève et qui, au terme de longues recherches, se voit aujourd'hui restaurée et mise en lumière. Après Genève, ces œuvres pour la plupart issues du fonds Pauline Couriard (voir ci-contre) seront visibles dès demain au Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds (MBA).

Comment présenter au public cet ensemble hétéroclite, où les aquarelles, les lavis, de peintres renommés côtoient des dessins de militaires, d'écrivains et d'artistes amateurs? Comment appréhender cette «coupe transversale» dans un milieu artistique tel qu'il s'offrait à ses contemporains? Conservatrice du MBA, Lada Umstätter a choisi de nous faire voyager, sur les pas des auteurs de ces travaux.

Le premier rail relie la Russie et l'Occident. Nombre d'artistes étrangers ont convergé vers Saint-Pétersbourg, qui, dès le siècle précédent, contribuèrent à l'essor de cette nouvelle capitale érigée par le tsar Pierre le Grand. A l'inverse, les voyages d'études des étudiants de l'Académie impériale des beaux-arts s'effectueront en Italie, étape incontournable pour les boursiers. Mais aussi à Paris, en Allemagne, en Suisse: au milieu du 19e siècle, le paysagiste genevois Alexandre Calame, par exemple, jouit d'une immense réputation en Russie.

Arrêt sur une image. Quand il peint «Toréador», au cours de son voyage en Espagne, Léon Bakst n'est pas encore le décorateur renommé des Ballets russes, qu'il deviendra au tout début du 20e siècle...

Dans le sillage des explorateurs et des expéditions militaires menées aux frontières de l'empire, certains artistes trouvent en Orient une source d'inspiration. On se penche sur un portrait de guerrier caucasien exécuté par le graveur Dmitriev-Kavkazki. «Le dessin ethnographique trahit souvent un regard condescendant envers le modèle», commente Lada Umstätter. «C'est le contraire ici, la fierté du guerrier est soulignée».

L'itinéraire nous ramène en terre russe, vers des peintres en quête d'identité nationale. Un «voyage intérieur» entrepris, parfois, au retour de leur initiation à l'étranger. En réaction à l'hégémonie de l'Académie des beaux-arts, un groupe d'artistes, les Ambulants, va à la rencontre du peuple avec une peinture de genre reflétant le quotidien. Viktor Bobrov peint une jeune femme à la veille de ses noces, un mouchoir dans les mains, et dénonce peut-être ainsi, subtilement, la cruauté des mariages arrangés. D'autres, comme en témoigne une «Vue hivernale de Saint-Pétersbourg» d'Albert Benois, préfèrent restituer les nuances atmosphériques ou la nature majestueuse... cette fois sans détacher les yeux de leurs paysages russes... /DBO

La Chaux-de-Fonds, Musée des beaux-arts, jusqu'au 14 juin; vernissage aujourd'hui à 17h. «Peintres et voyageurs russes du XIXe siècle», catalogue de l'exposition

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