Ce matin-là, la ville a des allures chatoyantes. Les rayons du soleil caressent les panneaux bleutés apposés sur les toits. Il fait chaud, humide; la nuit a été orageuse. J’ai rendez-vous avec David à la gare, à quelques encablures du centre-ville. Un vieil ami que j’avais rencontré sans le vouloir.
Il m’avait demandé d’être son guide pour un jour. «Après toutes ces années à l’arpenter comme reporter, aucun recoin de la cité ne doit avoir de secret pour toi», m’avait-il glissé. Je lui avais simplement dit que ce n’était plus comme avant.
Il voyage en TURN, train ultrarapide de nuit. Mais comme toujours, ce satané véhicule a du retard. L’écran digital affiche 17 secondes. Une éternité. David sort de l’engin. Ses yeux me sourient. «Tchô, comment va?», lance-t-il, après avoir retiré son masque. «Ça fait quoi, vingt ans?», reprend-il. «En tout cas toi, tu es toujours aussi fringant!», lui rétorqué-je en riant. S’ensuit une discussion agréable, mais très banale.
On monte dans la voiturette autonome, direction la Place. Le socle est toujours là, entouré de bancs. Vides. «Tu sais, les habitants n’aiment plus trop cet endroit. Plus personne ne se donne rendez-vous à la ‘P’», lui expliqué-je. «C’est à cause de cette histoire de statue?», fait mon visiteur. Haussement d’épaules. «Non, le Parc au bord du lac est beaucoup plus sympa.»