Ils avaient le cœur gros en observant la coupe de plusieurs arbres, mardi 19 avril, sur les hauts de La Chaux-de-Fonds. Ces riverains ont assisté à la disparition d’un cordon boisé d’une soixantaine de mètres de long, sur lequel étaient plantées une vingtaine d’essences, dont des érables et des frênes de 30 mètres de haut.

Situé sur un espace vert privé, à la rue Stavay-Mollondin 18, l’abattage a été effectué en vue de la construction de la Résidence des séquoias. Ce projet de dix logements en propriété par étage doit son nom au séquoia centenaire et classé qui a lui été préservé. Une maigre consolation cependant pour le voisinage.

Arbres apparemment dangereux

«Le plus dramatique est qu’ils auraient pu construire sans couper tous ces arbres. Pourquoi la Ville a-t-elle autorisé cela?», s’insurge une habitante. Pour cet espace vert, il est trop tard. Les habitants du quartier ont toutefois décidé de se mobiliser pour éviter que cela ne se reproduise ailleurs.

La parcelle avant l’abattage du cordon boisé. Le séquoia centenaire et classé est toujours là. Photo: DR

«Ces arbres sains représentaient apparemment un danger. Mais pour nous, ils le sont devenus car les racines charpentières ont été sectionnées lors de la coupe des premiers arbres en décembre dernier», déplore une riveraine.

Quelles conditions doivent remplir les espaces verts naturels et les cordons boisés pour bénéficier de la protection stipulée dans la ‘Trame verte’ de la Ville?

Peter Wullschleger, secrétaire général de la Fédération suisse des architectes paysagistes et voisin du projet de construction

«Massacre gratuit»

Les habitants sont dans l’incompréhension: «La Ville bénéficie d’un guide des aménagements extérieurs, avec une 'Trame verte', qui répertorie des mesures de protection de l’environnement.» Notamment l’importance de conserver le patrimoine arboré et la biodiversité urbaine.

«Quelles conditions doivent remplir les espaces verts naturels et les cordons boisés pour bénéficier de la protection stipulée dans la ‘Trame verte’ de la Ville?», questionne Peter Wullschleger, secrétaire général de la Fédération suisse des architectes paysagistes et voisin du projet de construction.

«Selon le règlement d’aménagement communal, tous les arbres en zone urbaine, dont la circonférence du tronc est d’au moins 50 centimètres (mesurée à 1 mètre du sol) sont protégés», souligne-t-il.

Par ailleurs, selon l’ordonnance fédérale sur la protection de la nature, il est interdit d’élaguer ou d’abattre des arbres en avril en raison de la nidification.

Le voisinage s’inquiète pour la survie du séquoia (arrière-plan), dont une partie des racines aurait été sectionnée. Photo: DR

Les voisins s’inquiètent aussi pour la survie du séquoia classé, dont une partie des racines a été sectionnée. «Le fait que la préservation de la végétation existante soit toujours traitée avec autant d’ignorance me laisse perplexe», avance Peter Wullschleger, déconcerté par «le massacre gratuit de ces arbres».

Au moment de la mise à l’enquête, des voisins avaient contesté le projet immobilier – dont la fin des travaux est prévue à l’été 2023 -, mais les oppositions avaient été levées. «Je ne suis pas contre la densification, mais dans ce projet, une rentabilité maximale a été recherchée avec le plus de logements possible», se lamente une habitante.

Essences replantées

En décembre dernier, les riverains ont écrit à la Ville et au promoteur immobilier avant la coupe des premiers arbres. Un courrier resté sans réponse. De notre côté, nous n'avons pas pu joindre de représentant de la Ville, vacances obligent. Or, selon le promoteur immobilier de la résidence des séquoias, «un expert accrédité par les autorités communales» les a rendus attentifs à la dangerosité des arbres.

Il précise en outre que face aux oppositions, deux projets et deux mises à l’enquête ont été déposés. «Nous avons fait notre possible pour couper un minimum d’arbres.» Le promoteur assure que certaines essences seront replantées.

Selon les riverains, la coupe des racines charpentières en décembre 2021 a rendu les arbres dangereux. Photo: DR

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