Poète, romancier et dramaturge, Frankétienne évoquera ce soir, à la Bibliothèque publique et universitaire, la littérature de Haïti, sa terre nourricière.
Lui le presque-blanc, «clown tragique» né en 1936 dans un quartier miséreux de Port-au-Prince, brandit pour tout acte de naissance le viol de sa mère à l'âge de 13 ans par «un vieux saligaud américain». De ses blessures originelles, il pressure, le suc âpre d'une écriture inlassablement malaxée, triturée. Figure emblématique des lettres franco-caraïbes, il a publié en créole, dès 1975, toute son oeuvre dramatique; réservant la langue française à la poésie et à la plupart de ses romans, dont «Mur à crever» habité de toute la souffrance de son peuple.
Auteur d'une esthétique stylistique élaborée sous le nom de «spiralisme», sa plume charnelle, brutale, balaie néanmoins toute velléité rhétorique. Une violence qui traverse aussi ses toiles. Car Frankétienne peint, des monstres fantasmagoriques surgis d'un enfer à la Jérôme Bosch... Et ce n'est là qu'une facette, la plus noire, d'un artiste authentique à découvrir dans le cadre de la Semaine de la francophonie. /cfa
Neuchâtel, Bibliothèque publique et universitaire, 20h15, www.slff.ch