Pédagogie. Ce n’est qu’en fin d’entretien que le terme est venu dans la bouche d’Antoine Weber. Il résume pourtant tout. Sa carrière professionnelle et sa démarche.

Cette carrière, c’est 37 ans en tant qu’instituteur au collège de Serrières, à Neuchâtel.

Cette démarche, ce sont les pancartes qu’il a confectionnées et brandies dans les rues de la capitale cantonale les samedis 30 octobre et 6 novembre (il répétera l’opération une fois encore). Objectif: «Je souhaite provoquer le débat en donnant des informations qui sont objectives.»

Je ne prétends pas représenter la masse silencieuse. Je souhaite juste exprimer un autre avis.

Antoine Weber

Antoine Weber fait partie des personnes qui sont convaincues par l’utilité de la vaccination contre le Covid-19, ainsi que par les mesures prises par les autorités fédérales pour lutter contre la pandémie et ses conséquences économiques et sociales.

«Je trouve qu’on donne beaucoup la parole aux antivax et aux personnes qui sont contre la loi Covid. Je refuse de laisser la place à une minorité parfois bruyante», explique ce septuagénaire au regard vif et dont les propos s’achèvent souvent sur un sourire malicieux.

Vaccination et mesures Covid

«Je ne prétends pas représenter la masse silencieuse. Je souhaite juste exprimer un autre avis que celui des ‘anti’. Je ne prétends pas non plus détenir la vérité. Mais j’ai cherché et vérifié les informations inscrites sur mes panneaux.»

Je suis allé deux fois m’opposer à l’UDC, à chaque fois avec une pancarte.

Antoine Weber

Le premier portait sur la vaccination, le deuxième sur une partie du texte soumis au peuple suisse le 28 novembre. «Je dois reconnaître que ma première pancarte a suscité davantage de réactions négatives que positives. Mais tant pis: si j’ai convaincu ne serait-ce qu’une personne, alors j’ai bien fait d’avoir tenté le coup.»

Tant pis? Antoine Weber serait-il parfois résigné? «Absolument pas. Lorsqu’une personne a osé affirmer que la vaccination n’avait jamais sauvé personne, je peux vous dire que toute la rue a entendu ma réaction. J’étais très en colère que l’on puisse asséner une telle ânerie. Pour moi, une affirmation de ce genre, sur le plan sanitaire, relève du crime.»

Ce n’était pas une première

Ce Corcellois n’en est pas à son coup d’essai. «Je suis allé deux fois m’opposer à l’UDC, à chaque fois avec une pancarte sur laquelle figuraient des informations contredisant, selon moi, les thèses de ce parti. La première fois, c’était en 2014, lors de la venue d’Ueli Maurer à Neuchâtel, la seconde à l’occasion d’un stand tenu par l’UDC au centre-ville.»

Antoine Weber se dit «politisé, mais non militant»: «J’ai «toujours voté socialiste, mais sans jamais devenir membre du parti du même nom». Il a par ailleurs été membre durant une trentaine d’années du SAEN, le Syndicat autonome des enseignants neuchâtelois.

«Dans ce cadre, j’ai pris part à diverses manifestations, mais je dois reconnaître que je ne crois guère aux effets de groupe. Je ne suis pas convaincu non plus que les actes d’incivilité, du moins certains d’entre eux, permettent de faire progresser une cause. A quoi sert-il, par exemple, de fâcher tout le monde en bloquant le passage des automobilistes dans une rue?»

Lutte contre les fausses informations

«Je fais ce que j’estime devoir faire», poursuit le Neuchâtelois. «C’est d’autant plus nécessaire en cette période où beaucoup de gens ne font plus confiance aux autorités, qui seraient toutes pourries, ni aux médias, qui seraient tous des menteurs.»

«Sans parler de toutes les inepties qui circulent sur les réseaux sociaux. Mais il ne suffit pas de contredire, il faut expliquer, démontrer, encore et toujours. Je me battrai contre les fake news jusqu’à mon dernier souffle.»

Son prochain combat? «Les pollutions en tous genres.»

Covid-19: avec ses pancartes, ce Neuchâtelois descend dans la rue pour susciter le débat

Ce septuagénaire muni d’une pancarte déambule dans les rues de Neuchâtel pour «donner des informations objectives» sur la vaccination et la loi Covid. Il explique sa démarche.