Réalisateur neuchâtelois pétri de talent, à l’aise aussi bien dans le film de genre que dans un cinéma plus expérimental, Loïc Hobi, 24 ans, a vu son court-métrage «The Life Underground» être sélectionné en compétition à Locarno, dans la section des Pardi di domani. Eu égard à la qualité de son film, cette sélection est très méritée.

Joint peu avant sa première à Locarno, ce véritable espoir du cinéma romand, qui a grandi à Neuchâtel, nous évoque d’abord son début de carrière: «J’ai découvert le cinéma avec La Lanterne magique et le Nifff dont je suivais assidûment les projections. Après avoir fréquenté le lycée Jean-Piaget en arts visuels, j’ai étudié la réalisation à l’Ecole de la Cité, créée par Luc Besson à Saint-Denis.»

Comme film de diplôme, il a réalisé en 2019 «L’homme jetée», un court-métrage fascinant qui a été sélectionné dans une ribambelle de festivals internationaux.

Spielberg, Gus Van Sant, Coppola

Quand on lui demande quels sont ses cinéastes de chevet, Loïc Hobi se révèle éclectique, à l’image de sa filmographie en devenir: «Si j’ai eu mon premier grand choc cinématographique avec «Elephant» de Gus Van Sant, ce sont des réalisateurs comme Steven Spielberg, Francis Ford Coppola et Robert Zemeckis qui me parlent le plus, mais un cinéaste aussi radical que le Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul me touche aussi beaucoup.»

La genèse de «The Life Underground» remonte à son arrivée à Paris. «J’ai commencé à prendre des photos argentiques dans le métro. Ça m’a donné l’idée de tourner dans cet univers souterrain un court-métrage en noir et blanc».

Il s’agissait de sauter d’un quai à l’autre, juste avant que le métro ne passe

Loïc Hobi, réalisateur de «The Life Underground»

Pour le scénario, il s’est souvenu d’un article lu sur Internet qui décrivait le défi que se lançaient des bandes de jeunes dans le métro new-yorkais: «Il s’agissait de sauter d’un quai à l’autre, juste avant que le métro ne passe, une sorte de challenge qui connaît plein de variantes dans différents pays.» Partant, il a écrit l’histoire d’un jeune ado forcé de risquer sa vie pour se sentir appartenir à un groupe.

Tourné en partie à Neuchâtel

Dans l’impossibilité de tourner dans le métro parisien, Loïc Hobi s’est rabattu sur Lausanne, dans des souterrains, des passages sous-voies et un tunnel menant à une usine d’incinération lausannoise.

«J’ai aussi tourné à Neuchâtel», précise le jeune cinéaste, «grâce au musée du Tram, j’ai pu filmer une séquence dans une rame. Même si c’était parfois un casse-tête, j’ai réussi à tourner un film de métro… sans métro!» Financé par Cineforom et, notamment, la Fondation culturelle de la BCN, ce condensé de film d’action psychologique simule à la perfection l’arrivée anxiogène d’un métro reconstituée en phase de postproduction.

Loic Hobi présente son court-métrage «The Life Underground» en compétition à Locarno. Photo: SP-Jacques Baguenier

Le réalisateur ne va pas s’arrêter en si bon chemin. D’ici à la fin de l’année, il va tourner un nouveau court-métrage, «qui met en scène la rencontre réelle de deux ados qui se sont connus par le biais d’un jeu vidéo bientôt atteint d’obsolescence».

A noter que ce nouveau projet est produit par la société du réalisateur Yann Gonzalez, fer de lance d’une jeune génération de cinéastes français, une référence! Après viendra le temps du premier long-métrage, qui a pour titre de travail «La guerre des puceaux», dont Loïc Hobi est en train d’écrire le scénario avec un auteur belge.

Infos pratiques

Festival du film de Locarno, du 4 au 14 août. www.locarnofestival.ch

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