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La carrière de Jean-Pierre Zaugg sous les projecteurs

Le Centre Dürrenmatt et le Musée ethnographique de Neuchâtel s'allient pour proposer deux expositions sur cet artiste neuchâtelois à l'oeuvre plurielle. La réalisatrice Anne-Marie Fallot lui a également consacré un film.

21 sept. 2018, 19:49
Jean-Pierre Zaugg est à l'honneur au centre Dürrenmatt et au Musée d'ethnographie de Neuchâtel.

«Mirage Mirage Mirage Mirage...» Six lettres, un mot, couché tant de fois au crayon de papier sur une vaste feuille blanche qu’il en perd sa signification intrinsèque. Jean-Pierre Zaugg, c’était ça aussi: le triomphe d’un regard scénographique sur des objets ou items du quotidien. Un regard qui aliène l’essence de toute chose pour n’en faire ressortir que son architecture.

L’œuvre de l’artiste neuchâtelois est presque insaisissable, tant l’empreinte qu’il a laissée dans le paysage culturel du canton est plurielle. Plasticien, scénographe, peintre, représentant du courant «pop art» et de l’art conceptuel, Jean-Pierre Zaugg transformait tout ce qu’il voyait en art. Décédé dans sa nonantième année, en 2012, il renaît à travers un film (lire ci-contre), et grâce à l’union temporaire de deux institutions culturelles neuchâteloises, qui lui consacrent chacune une exposition: le Centre Dürrenmatt (CDN) et le Musée d’ethnographie de la capitale cantonale (MEN). Toutes deux partagent un passé, mais de nature différente, avec Jean-Pierre Zaugg.

«Arte Facta» au CDN...

«Nous avons appris à travers sa famille qu’il était très attaché au vallon de l’Ermitage», raconte Madeleine Betschart, responsable du CDN, qui lui dédie son exposition «Arte Facta». «Jean-Pierre Zaugg et Friedrich Dürrenmatt ne se sont jamais rencontrés, même s’ils ont les deux habité à Neuchâtel, mais leurs œuvres comportent beaucoup de similitudes.» Et puis, il ramassait des cailloux dans les parages... 

Si Jean-Pierre Zaugg a fait forte impression avec sa fourchette plantée dans le lac Léman, une autre de ses œuvres mérite de le faire entrer au panthéon des artistes suisses: depuis 1980, le Neuchâtelois dessinait un caillou par jour, ramassé au gré de ses balades. Et en dessous de chacun, quelques mots griffonnés, déposés là avec délicatesse, parfois poétiques, parfois plein d’humour. «Barbie Girl», «Exsangue», «Bling bling», «Led Zeppelin»... Trente ans de cailloux que le CDN a choisi d’exposer aux côtés de sa série de monochromes-écrits, deux facettes de son œuvre qui témoignent de sa rigueur d’esprit... et de son humour.

... «Rupture pop» au MEN

Au MEN, Jean-Pierre Zaugg est salué comme un ancien camarade. L’artiste y a travaillé pendant plus de 15 ans, de 1982 à 2000, en tant que scénographe et créateur d’affiches pour les expositions du musée.

«L’arrivée de Jean-Pierre Zaugg a marqué une étape importante. Il a donné une forme visuelle à l’aventure de la muséologie de la rupture, initiée par Jacques Hainard et son équipe, basée sur une question de fond: comment exposer aujourd’hui la culture des autres? Comment penser le présent avec les objets des collections ethnographiques?», explique Grégoire Mayor, directeur du MEN.
Nichée dans la «fosse» du Musée, comme l’appelle l’institution, l’exposition «La rupture pop: Jean-Pierre Zaugg scénographe» retrace sa période pop art des années 1960 – fortement influencée par l’esthétique publicitaire et la société de consommation émergente – puis le virage brutal opéré dix ans plus tard, sur fond d’épiphanie bouddhiste. «C’est étonnant, le travail pop qu’il a abandonné, il l’a déployé dans sa scénographie», fait remarquer Grégoire Mayor.

L’exposition a beau regrouper deux époques différentes de son art, sa patte graphique reste effectivement reconnaissable, de ses affiches à ses tableaux. Collages, grilles, superpositions des couleurs, corps humains, érotisme parfois... «Les affiches qu’il a réalisées pour le MEN font parties des plus célèbres. C’est celles qu’on retrouvait dans les chambres d’étudiants!», sourit Yann Laville, qui partage la fonction de directeur du Musée avec Grégoire Mayor.
Autant de morceaux d’art disséminés dans sa carrière, tels de petits cailloux laissés au bord du chemin, qui n’attendent que d’être recueillis...

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