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Juan D. Suisse, et bientôt violeur?

23 nov. 2010, 11:35

Silence. Inflation de mots. Le procédé n'est pas nouveau dans les débats sur l'immigration. Il ne fournit pas d'autre étayage qu'un chapelet de slogans et d'anecdotes qui ne font pas une argumentation.

Pour incroyable que cela puisse paraître, la plus importante prison de l'Uruguay à l'époque de la dictature militaire s'appelait «Libertad». L'aéroport de Bogotá, la capitale colombienne, se nomme «El Dorado». La misère et le rêve conduisent un jour le migrant Juan D. jusqu'à la Suisse. Sans travail, il quitte sa terre natale à la recherche d'un nouvel eldorado. Voilà, l'histoire est là avec son petit bagage et ses rêves de pauvre.

Au départ, le migrant ne sait pas qu'il va devenir l'«autre». L'Autre parce qu'en plus d'arriver de nulle part il est différent. Poussé à la marge, inéluctablement, il deviendra violeur. C'est ce qu'ils prédisent. C'est à hurler de rire et pourtant c'est à pleurer. Dans sa grande naïveté, il est devenu suisse, parce ce qu'il a cru à ce pays.

Les mots, à mes yeux, ont la capacité de dévoiler la catastrophe, et, en même temps, de trouver des nouvelles formes de liberté. Une arme de résistance. Peut-être la dernière.

Mais si les mots se prostituaient dans les salles de rédaction, s'ils perdaient toute leur dignité sur les affiches politiques, s'ils se promenaient, telles des catins fardées, ne les transmettez plus; transmuez-les, transfigurez-les. Transtuez-les! Silence.

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