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Du champ à l’assiette: vers plus de transparence

D’où viennent les produits que l’on consomme? Sont-ils durables et de qualité? Assurée par nombre de labels, la traçabilité agroalimentaire bénéficie toujours plus des avancées technologiques.

27 mai 2019, 16:46
Le label de qualité «Neuchâtel Vins et Terroir» répond à un cahier des charges qui garantit l'authenticité et la typicité régionale des produits.

Vendredi, en ouvrant un paquet de chips pour l’apéro, vous constatez en lisant l’emballage que les pommes de terre qui ont servi à leur fabrication ont été cultivées au Val-de-Ruz! Depuis 2013, la marque Zweifel indique la provenance de son ingrédient de base, «pour répondre à la demande de transparence des consommateurs». Pour l’agriculteur concerné, Daniel Gross à Fontaines, voir son nom figurer sur les paquets de chips est valorisant: «On fait notre maximum pour produire des denrées irréprochables, c’est sympa quand les consommateurs peuvent nous identifier.» 

Règles strictes

A l’heure où le public tend à privilégier les produits locaux, la question de la traçabilité agroalimentaire est centrale. Elle doit permettre de définir d’où viennent les ingrédients et quels ont été leurs modes de transformation. «Toutefois, si la législation suisse précise que chaque fabricant doit pouvoir donner aux autorités le nom de chacun de ses fournisseurs, la provenance ne doit être indiquée au public que dans le cas où ne pas la donner l’induirait en erreur, ce qui n’est pas suffisant», dénonce Barbara Pfenniger, responsable alimentation de la Fédération romande des consommateurs (FRC). 

Dans l’industrie fromagère, l’Interprofession du Gruyère AOP a été l’une des premières à faire de la traçabilité une priorité. La fabrication suit des règles strictes qui sont identiques quel que soit le canton de production, Neuchâtel y compris. «Chaque jour, on sait quel producteur livre dans quelle fromagerie», explique Philippe Bardet, directeur de l’interprofession. «De son côté, le fromager conserve pendant 180 jours un échantillon des laits reçus, afin de le décongeler pour procéder à des analyses si un souci d’hygiène ou de qualité devait être constaté.» 

Au moment de presser les meules, chacune est numérotée sur sa croute, laquelle affiche également le code à quatre chiffres de la fromagerie. Ces numéros permettent au consommateur de découvrir par lui-même, sur le site internet de l’interprofession, dans quelle fromagerie le morceau acheté a été fabriqué. 

Trop de labels?

«Après le scandale de la vache folle dans les années 2000, on s’est rendu compte que la distance entre les consommateurs – dont les 80% des courses se font dans les grandes surfaces – et les producteurs provoquait un manque de connaissances, donc des risques en matière de tromperie, voire de santé», note Yann Huguelit, directeur de la Chambre neuchâteloise d’agriculture et de viticulture (CNAV). En Suisse, plusieurs labels définissent, avec des standards différents, la qualité des produits en ce qui concerne leur aspect écologique (par exemple Bourgeon Bio suisse) ou leur provenance (Suisse Garantie). 

«Pour remplir les exigences de la réglementation Swissness, qui s’applique à tous les labels montrant une croix suisse, le produit concerné doit être constitué à 80% au minimum d’ingrédients d’origine suisse», précise Barbara Pfenniger. Une limitation qui s’applique de manière annuelle, afin d’accorder une marge de manœuvre au fabricant pour planifier sa production.

Qu’en est-il des labels propres aux grandes enseignes (Local de Manor ou Ma région de Coop) qui segmentent encore le marché? Si leur présence semble a priori positive, «elle induit le consommateur en erreur, car leur cahier des charges ne respecte pas toujours les mêmes lignes directrices que celles des véritables labels du terroir», nuance la responsable alimentation de la FRC.

Evolutions technologiques

Grâce au concept d’Industrie 4.0, les systèmes de production bénéficient toutefois d’un suivi de plus en plus précis qui devrait permettre d’éviter «le flou induit par la mondialisation des flux de marchandises». A l’autre bout de la chaîne, le public bénéficie de plus en plus des nouvelles technologies dans sa manière de consommer. «Avec l’e-commerce, cibler les produits jugés intéressants selon des critères durables ou locaux par exemple, est devenu très simple grâce aux filtres proposés par les moteurs de recherche», rappelle Yann Huguelit. 

Le directeur de la CNAV souhaite toutefois «que cette facilité se retrouve dans les étalages des magasins.» On attend encore que les applications qui permettent de scanner les produits en rayon soient plus claires sur l’origine des ingrédients.

Anthea Estoppey

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