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Chez Longines, Matthias Breschan a pris la succession de «l’empereur» Walter von Känel voilà un peu plus d’une année. Autrichien d’origine, le manager a travaillé dans la grande distribution, puis dans les télécommunications avant de poursuivre son parcours dans l’horlogerie au sein du Swatch Group: chez Swatch, Rado, Hamilton et, enfin, dans la célèbre maison de Saint-Imier. C’est là que nous sommes allés à sa rencontre.

Honnêtement, n’avez-vous pas ressenti une certaine appréhension en arrivant après Walter von Känel, monument de l’horlogerie suisse, un homme qui a dirigé la maison durant des décennies?

Non. Je n’ai ressenti aucune crainte. J’étais avant tout animé d’un sentiment de respect pour cet homme qui a contribué à l’un des plus grands succès de l’horlogerie suisse.

Vous vous inscrivez donc dans la droite ligne de son travail?

En arrivant, je me suis posé cette question: qu’est-ce qui a rendu Longines si fort? Les réponses sont claires: une base historique inébranlable, un bon équilibre des collections entre les montres classiques et celles à caractère plus sportif, entre les modèles pour femmes et pour hommes… Pourquoi voudriez-vous que je m’inscrive en rupture par rapport à tout cela? Non! Il faut continuer dans le même esprit.

Quels sont les autres atouts de Longines?

Longines a été fondée en 1832. Elle est une des rares marques à n’avoir jamais déménagé. Et comme tous ceux qui y ont travaillé avant moi étaient des gens sérieux, tout a été archivé. Nous n’avons pas besoin d’inventer des histoires pour mettre en valeur nos modèles. L’histoire, nous l’avons sous les yeux: nous avons ici à Saint-Imier la trace de toutes les montres qui ont été fabriquées. Un exemple: nous avons récemment redécouvert l’existence d’un chronographe de 1927 muni de poussoirs résistant à l’eau. A l’époque, c’était un exploit.

En cet été 2021, comment se porte la marque?

Si j’en juge par les résultats des cinq premiers mois de l’année, elle se porte très bien. Au mois d’août, nous devrions atteindre les chiffres de 2019 à la même période. Nous n’avons plus aucun employé en RHT.

Tout de même, au printemps 2020, comme tous les patrons, vous avez dû avoir un peu peur, non?

Oui, en mars 2020, nous étions dans une situation complètement passive. Dans le monde entier, tous nos points de vente étaient fermés. Cela nous a poussés à réagir rapidement. Sur certains marchés, nous avons par exemple organisé des ventes privées dans les boutiques. Nous avons aussi développé le commerce en ligne. Notre objectif, c’est qu’à la fin de cette année, tous les marchés soient en mesure d’effectuer des ventes par le biais d’un dispositif numérique soit en direct, via les filiales du Swatch Group, soit par l’intermédiaire des plateformes de nos distributeurs partenaires.

Pour Longines, le commerce en ligne va-t-il supplanter à terme la vente en boutique?

Je ne pense pas. Les deux systèmes vont cohabiter. La montre reste un produit émotionnel. Il faut la voir, la toucher, la porter avant de l’acheter. Vous ne pouvez le faire que dans une boutique. Celles-ci vont donc perdurer. Mais il peut arriver que telle ou telle boutique n’ait pas l’objet de vos désirs en stock. Notre objectif, en tout cas ici en Europe, c’est que l’e-commerce permette notamment de recevoir votre montre à la maison dans un délai d’un à deux jours, où que vous habitiez.

Vous avez travaillé dans d’autres secteurs avant de basculer dans l’horlogerie. Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous motive?

Je vous rassure, je n’ai pas découvert l’horlogerie en venant travailler en Suisse. J’ai toujours aimé les belles montres. Aujourd’hui, c’est une passion. Elle a véritablement démarré le jour où on m’a donné la chance de démonter et remonter le mouvement d’une montre de poche. L’horlogerie est un univers fascinant, nettement plus que les télécoms.

L’avenir des salons horlogers fait débat. Avant la crise du Covid, le Swatch Group avait décidé de quitter Bâle. Une fois la pandémie dépassée, pensez-vous que le Swatch Group pourrait revenir à Bâle?

Je ne pense pas qu’il y ait des velléités de retour. Pour ce qui est de Longines et des autres marques du Swatch Group, nous organisons désormais nos propres salons décentralisés sur nos marchés importants.

Longines demeure une marque de volume. Envisagez-vous de monter en gamme à l’avenir?

Longines appartient au Swatch Group. Et vous connaissez aussi bien que moi la stratégie de la maison. Nous sommes leader sur le segment des montres entre 1000 et 4000 francs. Au-dessous, il y a Tissot, au-dessus Omega. Le but n’est pas de les concurrencer, mais d’être complémentaire.

Se cantonner dans ce segment de prix, est-ce que cela n’empêche pas certaines innovations?

Détrompez-vous. Je vous donne un exemple technique précis: désormais, tous les mouvements mécaniques équipant les montres Longines sont munis de spiraux en silicium. C’est une innovation considérable.

Etes-vous certain que, pour les clients de Longines, cet élément soit déterminant lors d’un acte d’achat?

Le magnétisme représente l’une des causes principales du dérèglement des montres mécaniques. Si vous pouvez garantir à votre client que la montre qu’il porte ne sera pas perturbée par les champs magnétiques grâce à son spiral en silicium, c’est un avantage déterminant.

Saint-Imier: le siège de Longines. La marque est une des rares à n’avoir jamais déménagé. Photo: Muriel Antille

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