L?heure est à la prise de conscience

Amesure que le souvenir du 11 septembre jaunit dans les mémoires ? il y a bientôt cinq ans que les tours jumelles s?effondraient ?, cet événement qui a horrifié la planète se couvre d?ambiguïté et se perd dans les contradictions. Réflexe classique de solidarité face à une nation blessée dans sa chair, une vague de compassion a accompagné la mort de trois mille innocents, victimes du fanatisme religieux d?une poignée d?illuminés. Et, phénomène classique de récupération politique, un président prisonnier d?une vision messianique du rôle des Etats-Unis a profité de ce traumatisme psychologique pour lancer et légitimer une croisade contre le terrorisme. Evénement marqué du sceau d?une émotion à fleur de peau, symbole d?une profonde injustice qui méritait réparation, le 11 septembre est devenu, sous la férule de George Bush, l?étendard d?un besoin de revanche du monde occidental sur un islam considéré comme assassin et arriéré sur le plan politique et culturel. Suprême injure à la mémoire des morts, le chef de la Maison-Blanche a transformé les malheureux du World Trade Center en victimes alibi. En lançant sa campagne afghane et, surtout, en envoyant ses soldats en Irak sous des prétextes fallacieux, George Bush a en quelque sorte piétiné sans vergogne les cadavres des tours jumelles, du Pentagone et de Pennsylvanie. Triste ironie pour un homme qui ne cesse de se réclamer de principes religieux. Mais cette comédie macabre a assez duré. Au bord du précipice, George Bush est un roi nu qui collectionne les échecs. Et les Américains ne sont désormais plus dupes et refusent que l?on souille en toute impunité la mémoire de leurs morts. Les commémorations de ce lundi marquent à cet égard une prise de conscience qui fera date. Au-delà de l?émotion que suscite l?événement, les célébrations prévoient toute une série de débats sur la manière de combattre le terrorisme sans recourir aux bombardiers. Une manière de clamer haut et fort que le pays doit rendre leur dignité aux innocents du 11 septembre. /EDA