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Le président Saleh blessé par un tir d'obus

04 juin 2011, 11:03

Le président yéménite était hier «en bonne santé» après le bombardement de la mosquée du palais présidentiel, affirmait la télévision d'Etat. Ali Abdallah Saleh aurait toutefois été «blessé légèrement au cou» puis «soigné dans un hôpital militaire», a confié un haut responsable du Congrès populaire général. Trois personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées, a-t-il ajouté, dont le premier ministre, Ali Mohammed Moujawar. Ces nouvelles ont été confirmées par une source diplomatique.

Le chef de l'Etat, un temps donné pour mort par la chaîne de télévision de l'opposition, Souhail TV, devait s'exprimer dans la soirée. De son côté, le responsable tribal accusé par la présidence d'avoir bombardé le palais, cheikh Sadeq al-Ahmar, a nié en bloc, affirmant qu'Ali Abdallah Saleh aurait lui-même fait tirer sur la présidence pour justifier une escalade militaire. «C'est un coup monté», assurait un proche de la famille.

Coups de canon

Confus, ces événements font glisser un peu plus le Yémen vers une guerre civile disputée à coups de canon entre l'Etat et les Hashed, la plus puissante des deux confédérations tribales du nord montagneux du pays, à laquelle appartient le président, mais qui l'a lâché. Le bombardement du palais représente le point culminant d'une bataille entamée il y a une dizaine de jours. Cette prise en main par les tribus d'un mouvement multiforme n'est pas une bonne nouvelle pour les «shebab», ces jeunes urbains branchés sur Facebook, politisés mais indépendants des partis, qui ont lancé en février leur mouvement à l'imitation des manifestants tunisiens et égyptiens.

«Ils risquent de se faire voler leur révolution, qu'ils voulaient pacifique avant tout», dit Laurent Bonnefoy, chercheur à l'Institut français du Proche-Orient et spécialiste du Yémen. La contestation avait déjà été récupérée partiellement par les partis politiques d'opposition, regroupés au sein d'une coalition où le parti Islah, le mouvement des Frères musulmans présent au Parlement, joue un rôle important.

Depuis peu, le clan al-Ahmar, membre de la confédération Hashed, est sur le pied de guerre. Ses griefs, qui remontent à cinq ou six ans, tournent autour de problèmes de succession, Ali Abdallah Saleh étant accusé de vouloir mettre en selle son fils, assure Laurent Bonnefoy.

Il est toutefois surprenant, dit le chercheur, de voir le cheikh Sadeq al-Ahmar prendre la tête du soulèvement militaire. L'homme a été improprement qualifié de «chef» du clan. Son père, Abdallah al-Ahmar, ancien dirigeant du parti des Frères musulmans et ancien président du Parlement, «ne lui a confié que la partie purement tribale de ses prérogatives», explique Laurent Bonnefoy. Le pouvoir politique est allé à l'un de ses dix fils, Hamid, charismatique homme d'affaires.

L'avenir dira si le clan est regroupé derrière cheikh Sadeq. Et quelle attitude adopteront les autres forces militaires, en particulier celles du général Ali Mohsen al-Ahmar (un homonyme non lié au clan), qui commande un quart de l'armée yéménite et se pose en protecteur de la révolution après avoir fait défection.

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