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La fronde de la population déclenche une crise politique en Grèce

16 juin 2011, 10:32

La colère des Grecs dans les rues d'Athènes contre le nouveau plan de rigueur résonne jusque dans le Parlement et fait trembler le gouvernement. Le premier ministre, Georges Papandréou, est au pied du mur. Il doit faire voter le nouveau plan de rigueur pour obtenir l'aide supplémentaire de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI). Sinon, le pays prendra la pente de la faillite. Or, un an après le premier plan de rigueur, adopté en avril 2010 en échange d'un prêt de 110 milliards d'euros de l'UE et du FMI, l'austérité ne passe plus dans la population et la classe politique.

Renégociation des conditions imposées

Le bilan est catastrophique, l'économie grecque est paralysée, plombée par une récession de 7% et un taux de chômage qui atteint 16%. Ces chiffres se répercutent sur les sondages d'opinion. L'opposition conservatrice, dont le leader, Antonis Samaras, refuse tout consensus, domine de quatre points le Parti socialiste au pouvoir (Pasok). Quitte à ruiner le pays, l'opposition prône la renégociation des conditions imposées aux Grecs.

Hier, la situation évoluait d'heure en heure. Pour Babis Papadimitriou, analyste politique, Georges Papandréou sait qu'il doit prendre des décisions. «Même si ces nouvelles mesures étaient adoptées au Parlement par la majorité socialiste, elles ne pourraient pas être appliquées dans le contexte actuel. L'union nationale est donc devenue une nécessité politique. Mais le problème est surtout au sein du Pasok, qui ne parvient pas à s'accorder sur les mesures à prendre et les stratégies à adopter», affirme-t-il.

De fait, la cacophonie règne au sein de la majorité socialiste et même au sein du gouvernement. Depuis plusieurs semaines, certains ministres ont arrêté de travailler, prétextant le manque de moyens pour mener à bien les réformes imposées par l'Europe et le FMI. A l'Assemblée, l'ambiance est tout aussi pesante. Deux députés du Pasok ont déjà affirmé qu'ils ne voteraient pas pour ce plan de rigueur et un effet domino n'est pas exclu.

Car le second volet des mesures d'austérité est jugé trop sévère. Il prévoit de nouvelles coupes sur les salaires, des taxes supplémentaires et un vaste programme de privatisations. «Le premier ministre veut tout faire pour satisfaire les Européens. Et il n'a pas le choix», reprend Babis Papadimitriou. «Il a donc proposé au chef de l'opposition de former un gouvernement d'union, quitte à ce qu'il abandonne le fauteuil de premier ministre.»

Remaniement du gouvernement

Mais, George Papandreou, s'exprimant dans une brève déclaration télévisée hier soir, a pris acte du refus de l'opposition conservatrice de parvenir à un accord. Alors que des premières estimations révèlaient qu'il pourrait se retirer de ses fonctions et mettre en place une personnalité acceptée par tous les partis politiques, le premier ministre socialiste a finalement annoncé qu'il procéderait aujourd'hui au remaniement de son gouvernement. Il demandera aussi un vote de confiance au Parlement. Il pourrait faire appelle à Dora Bakoyiannis, l'ancienne ministre des Affaires étrangères, devenue chef d'un parti de centre droit, ou encore à Giorgos Karatzaferis, leader d'un parti d'extrême droite.

Un député de la majorité estime sous couvert d'anonymat que «cette décision est catastrophique. Le premier ministre veut un gouvernement d'union nationale, mais il ne comprend pas que les «indignés» ne seront pas satisfaits pour autant. Il aurait pu faire appel au peuple et annoncer des législatives anticipées. Elles ne sont d'ailleurs pas exclues, car la pression de la rue est forte», menace-t-il. Plusieurs ministres prédisaient ainsi dans la soirée la fin de l'ère Papandréou.

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