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Eclairage: "Le cinéma, monde sexiste et figé"

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d'actualité régionale, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd'hui, Daniel Droz évoque le sexisme du cinéma.

23 mai 2018, 16:00
La réalisatrice Nadine Labaki a été primée pour son film "Capharnaum". Rareté pour une femme.

Le cinéma est sexiste. C’est ce qui ressort, sans doute aucun, d’une enquête menée par le quotidien français «Le Monde». Ce constat «peu glorieux» concerne, ici, le septième art de l’Hexagone. 

«Les actrices françaises connaissent un pic dans leurs tournages entre 27 et 32 ans, quand les hommes connaissent une carrière bien plus longue, jusqu’à 58 ans», constate notamment le journal. De plus, «les acteurs, de leur côté, continuent à séduire en vieillissant, tandis que l’écart d’âge avec leurs conquêtes a tendance à augmenter», apprend-on. Dépassant la cinquantaine, ils occupent régulièrement les rôles de mari, d’amant ou de séducteur, aux côtés de femmes souvent de 10 ans leur cadette. Un état de fait qui ne correspond pas à la réalité. Dans les couples français, l’écart d’âge est de deux ans.

Ces chiffres se retrouvent, en partie, outre-Atlantique. Le webzine culturel «Vulture» a mené la même analyse en 2013 déjà. Selon son enquête, l’acteur Denzel Washington, 63 ans, a des partenaires de 35 ans ou moins. Il en va de même pour Johnny Depp, Harrison Ford ou Tom Cruise.
Le cinéma donne donc de la société une image faussée. Pour ne pas dire fantasmée.

A qui la faute? Aux réalisateurs, qui préfèrent associer leurs premiers rôles à des femmes plus jeunes? «Les rôles se définissent souvent par rapport aux hommes», relève dans «Le Monde» l’universitaire Gwenaëlle Le Gras,

Celle-ci constate aussi que les femmes, en vieillissant, s’éloignent du tyrannique canon de beauté «jeune et jolie». Ce double standard touche d’autant plus les actrices, qu’elles dépendent «totalement de leur apparence, de leur photogénie et de leur séduction.»

Le problème de l’invisibilité des femmes de plus de 50 ans au cinéma est donc loin d’être réglé. Comme l’est celui aussi du manque de reconnaissance du travail des réalisatrices. Lors du Festival de Cannes, qui vient à peine de se terminer, aucune d’entre elles n’a trouvé grâce aux yeux du jury, dirigé par l’actrice Cate Blanchett. Si ce n’est un Prix du jury. Jane Campion reste donc la seule à avoir décroché la Palme d’or avec «La leçon de piano» en 1993.

A croire que l’affaire Weinstein n’est que la face la plus sombre d’un monde machiste et nullement prêt à céder à une indispensable révolution.

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