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Eclairage: «Europe et Japon: de la répression de l’hérésie»

Des universitaires nous éclairent sur des sujets d’actualité, de société ou de recherche. Aujourd’hui, Loïc Chollet, docteur en histoire médiévale de l’Université de Neuchâtel, évoque la répression de l’hérésie en Europe et au Japon.

13 mai 2019, 17:00
Au 17e siècle, les Japonais se tournent contre les missionnaires portugais, perçus comme des agents de l’étranger.

La répression de l’hérésie a contribué à donner sa sombre réputation au Moyen Age européen. Mais qu’en était-il ailleurs? Depuis quelques années, des historiens confrontent la violence religieuse propre à l’Occident avec des phénomènes analogues dans d’autres cultures.

Il ne s’agit pas de savoir dans quelle mesure l’Europe a été pire ou meilleure que le reste du monde, mais de comprendre comment différentes sociétés ont, dans le passé, réagi face à l’intolérance. Une série de colloques organisés par des historiens des Universités de Neuchâtel et de Nagoya a permis de poser les bases d’une étude visant à comparer les discours stigmatisant les «mauvais croyants» en Europe et au Japon, depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque moderne.

Tout au long du Moyen Age japonais, soit du 12e au 16e siècle, des querelles entre écoles bouddhistes ont eu lieu, mais jamais l’on atteignit l’intensité de la répression de l’hérésie ou de la chasse aux sorcières en Europe.

Des religieux subirent le bannissement, d’autres furent accusés de pratiques malsaines après leur mort. Mais cela resta, le plus souvent, du domaine des querelles entre moines. Il faut attendre l’arrivée du christianisme sur l’archipel pour que la société japonaise connaisse des persécutions de grande ampleur.

Ses successeurs se tournent contre les missionnaires portugais, perçus comme des agents de l’étranger.

Au début du 17e siècle, le seigneur de guerre Oda Nobunaga unifie le pays autour d’un pouvoir fort, mettant fin à plus d’un siècle d’instabilité. Après avoir vaincu les seigneurs rivaux, il doit mettre au pas de puissants monastères bouddhistes et leurs troupes de moines soldats. Ses successeurs se tournent contre les missionnaires portugais, perçus comme des agents de l’étranger.

A cette époque, la rhétorique traditionnellement dirigée contre les «mauvais» bouddhistes a été utilisée contre les chrétiens. Un phénomène bien connu des spécialistes de l’histoire européenne: les croyances et le nom même attribués aux «Cathares» sont, en bonne partie, repris de textes antihérétiques datant de Saint Augustin (mort en 430). Un exemple parmi d’autres de possibles points de comparaison.

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