Le ministre de l'Intérieur français a écarté vendredi l'hypothèse de ne plus retenir à Calais les milliers de migrants qui veulent gagner la Grande-Bretagne. Ce cas de figure avait été évoqué la veille en cas de sortie de Londres de l'Union européenne.
"Cette question ne se pose pas", a déclaré Bernard Cazeneuve aux médias d'informations en continu RMC/BFMTV.
"Si nous ouvrons demain la frontière, que se passe-t-il? Les Anglais, qui sont maîtres de leur propre frontière, peuvent la bloquer au moment de l'arrivée des migrants en Grande-Bretagne, ils seront à ce moment reconduits en France", a-t-il développé. "J'aurais à ce moment-là alimenté un flux et augmenté un stock, et aggravé un problème humanitaire", a-t-il souligné.
Le ministre de l'Intérieur s'est ouvertement agacé de déclarations de son collègue de l'Economie, Emmanuel Macron, qui avait mis en garde jeudi contre les conséquences d'un "Brexit" en prévenant qu'alors "les migrants ne (seraient) plus retenus à Calais.
"Sur ce sujet-là, ce ne sont pas des déclarations qui font le buzz dont on a besoin, c'est d'une action sur la durée", a réagi M. Cazeneuve. "Ces sujets sont d'une extraordinaire complexité. Sur les sujets compliqués, il faut travailler beaucoup et parler peu", a-t-il insisté.
Quelques heures après les propos d'Emmanuel Macron, le président François Hollande avait lui-même renchéri lors d'un sommet franco-britannique. "Il y aura des conséquences si le Royaume-Uni quitte l'UE (...) y compris sur la manière de gérer les situations en matière de migrations", avait-il déclaré.
Selon les estimations, entre 3700 et 7000 migrants, dont beaucoup de Syriens, de Soudanais et d'Afghans, survivent dans la "jungle" de Calais, un gigantesque bidonville dont les autorités françaises ont entrepris cette semaine d'en démanteler une partie.