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Un litige entre voisins qui dure depuis... 1999!

16 mars 2011, 11:14

Lorsqu'il s'est installé à Coeuve en 1983 après avoir transformé une vieille grange, ce couple d'instituteurs venus de Porrentruy pensait avoir déniché l'endroit rêvé pour y passer sa future retraite. Tout s'est bien déroulé jusqu'en 1998. Année où les agriculteurs d'en face décidaient de construire une porcherie pour 150 bêtes, ainsi qu'un hangar agricole. Le tout respectivement à 40 et 11 mètres de la propriété des enseignants. Début des oppositions. Et d'un litige qui a à nouveau occupé la justice hier, une ixième fois après une première audience qui remonte... à 1999!

On trouve absolument de tout dans ce dossier qui continue de miner trois familles: celle de deux frères agriculteurs et celle du couple d'enseignants. Un des deux frères a divorcé. Les désormais retraités se disent ruinés par la cascade de procédures. Leur santé se dégrade continuellement. «Dans ce canton, les honnêtes citoyens ne peuvent pas se défendre face à des paysans qui ne respectent pas les lois», fulmine la dame. Le dossier qu'elle a constitué avec son mari est contenu dans plusieurs classeurs fédéraux. «Notre maison ne vaut plus rien. Ils attendent qu'on crève, comme ils nous l'ont répété en juin dernier.»

Les agriculteurs pointés du doigt sont des vrais gens de la terre. Costauds, bosseurs. «Quand on gagne 3000 francs par mois pour 4500 heures par année, on doit penser à se développer, avec ce prix du lait qui dégringole.» Administrativement, un jugement rendu par la juge de première instance en juillet 2010 ordonne la mise en conformité des deux bâtiments. Le permis pour la porcherie a finalement été accordé pour 66 bêtes. Mais le duo de paysans a, dans le même temps, construit une stabulation pour bovins. Illégale.

Le Gouvernement jurassien a répondu en juillet 2007 aux opposants que les autorités cantonales et communales veilleront au respect des droits de chacun. Mais le climat, déjà détestable, a continué à se détériorer. Le couple d'enseignants en veut terriblement à plusieurs services de l'Etat, qui n'ont sûrement pas excellé dans ce dossier. Le Service des constructions, l'Office de l'environnement... En été 2007, le secrétaire du ministre de l'époque Laurent Schaffter écrivait au commandant de la police cantonale pour lui demander «de stopper toute action dans ce dossier». Une lettre qui a fait exploser le procureur en poste Yves Maître, qui avait sèchement répondu.

Injures, menaces, vols, dommages, mises en danger à la vie d'autrui: c'est parole contre parole. Hier, le juge pénal Pierre Lachat a en grande partie donné raison à un des deux frères, sur la base de quatre témoignages. A part une brouette démolie, la justice ne peut rien prouver contre lui. «C'est la vérité judiciaire», a dit le juge. «Je ne dis pas que c'est la vraie.» Le couple d'instituteurs devra verser 4000 francs de dépens à un de ses voisins. «Je suis atterré», a sursauté le mari. Une vie invivable. /gst

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