«Au départ, nous étions dix copines sur ce projet», précise Natacha Bersier. «Mais elles se sont toutes désistées...» Tant pis! Cette cuisinière de formation se lance seule dans l'aventure. Et ses copines, ce sont désormais les 250 premières abonnées recrutées dans toute la Suisse. Natacha Bersier: «Ce journal, c'est le leur. Nous formons une grande famille. Chacune peut poser des questions, suggérer des sujets d'articles et, dans la mesure du possible, j'essaie d'y répondre dans le numéro suivant avec des professionnelles de l'enfance». Car convivialité, proximité, ne veut pas dire amateurisme. Pour «assurer le sérieux de l'information», la toute nouvelle rédactrice collabore avec une gynécologue, une sage-femme, une puéricultrice et une naturopathe, lesquelles supervisent les articles.
Son inspiration? «Je choisis les thèmes qui me touchent personnellement. Par exemple, le décès de mon grand-père m'a donné envie de faire un sujet sur la mort expliquée aux enfants.» Une large place est également consacrée aux témoignages. Une toute jeune maman étudiante raconte sa vie entre fac et couche-culottes; une autre mère parle sans tabou de son baby blues. Viennent s'ajouter des rubriques régulières: la recette de cuisine de Natacha Bersier, accompagnée de conseils en diétique, ou encore les vertus des huiles essentielles pour les enfants expliquées par une naturopathe.
Peu de pub parmi les 24 pages du journal, et uniquement des annonces «liées à la vie de famille. Mon but n'étant pas de faire fortune», sourit la Fribourgeoise. Elle avoue «régater pour arriver à couvrir tout juste les frais administratifs et d'impression».
Le journal se fabrique dans l'appartement des Bersier: «Il me faut deux jours pour le sortir, j'utilise une simple imprimante laser pour le moment. Je ne pensais pas que ce serait un tel travail. Heureusement, mon mari me soutient. C'est même lui qui a trouvé le titre!»
Oui, justement, et les papas? «On ne les oublie pas», assure-t-elle. «Nos articles concernent toute la famille. Souvent les hommes se gênent de parler de leur ressenti de père. J'aimerais créer une rubrique pour eux.»
Bien sûr, le marché de l'édition est saturé. Bien sûr, il existe une pléthore de magazines pour les parents, sans compter une foison de sites internet. «Oui, mais rien de spécifiquement suisse», rétorque Natacha Bersier. «Dans les magazines français, les termes ne sont pas forcément les nôtres. Les adresses pratiques ne nous concernent pas. Dans les maternités françaises, ça ne se passe pas comme chez nous.» Elle ne voulait pas non plus se cantonner à un journal online: «Avec des enfants à la maison, ce n'est pas évident de surfer sur son ordinateur. Notre journal est d'un format très pratique. On peut l'emmener partout, le consulter dès qu'on a un moment, dans le bus, à la cuisine...»
La jeune femme enchaîne sur la Fête des mères, «une fête qui rappelle que maman est un travail à 200%, jour et nuit.» Et si elle-même sera comblée par «une simple petite fleur», elle nous suggère aussi «le cadeau idéal» pour ce 11 mai: «Le Journal des mamans», bien sûr!
On la disait chaleureuse, fonceuse. Natacha Bersier n'en a pas moins le sens des affaires. / CFA