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Giraud porte XIII au sommet

Van Hamme clôt la saga de XIII avec deux albums inégaux qui paraissent simultanément: un chef-d'?uvre enluminé par Giraud-Moebius, et une conclusion bâclée gribouillée par Vance. En voyant paraître coup sur coup un nouveau «Blueberry» racontant de manière continue un récit disséminé dans divers albums précédents et un album de «XIII» dessiné par le même Giraud, on pouvait craindre que celui-ci, à court d'inspiration, en fût réduit aux replâtrages et aux contrats mercenaires. Mais les deux albums dissipent toute équivoque: le «Blueberry», «Apaches», est digne de ses prédécesseurs, et le dix-huitième et avant-dernier «XIII», «La version irlandaise» propulse in extremis la série à des sommets jamais atteints. Mais est-ce Giraud ou Moebius qui l'a dessiné? L'efficacité et la simplification du dessin font plutôt pencher pour le second, qui n'est, comme on le sait, que le pseudonyme du premier lorsqu'il s'adonne à la science-fiction.

16 nov. 2007, 12:00

Une chose est sûre: cet album restera unique, puisque la série est finie. Mais aussi parce que, entre le western et l'anticipation, Giraud ne s'était jamais attaqué au monde contemporain. Et le résultat est hallucinant: cet album, au scénario superbe, nous apprend enfin qui est réellement XIII, sur fond de guerre civile en Irlande du Nord. Un jeune homme (qui ressemble un peu trop à Blueberry, mais tant pis) raconte à son meilleur ami sa lutte aux côtés de l'IRA et sa fuite aux Etats-Unis. Lequel des deux deviendra l'amnésique le plus célèbre de la bande dessinée? Suspense et surprise garantis!

Pour conclure la série, après cet album rétrospectif, Van Hamme a malheureusement confié un ultime album, «Le dernier round», au dessinateur «officiel» de la série: le résultat et pitoyable. Après avoir vu les pages ailées de Moebius, on se rend soudain compte à quel point le dessin de Vance est maladroit, bancal et inexpressif: hiatus entre personnages et décors, absence de sens du mouvement, anatomies approximatives. Moebius, dans une brochure de présentation dit un bien inouï de Vance et se plaint de sa propre gaucherie à dessiner les voitures: cette modestie est tout à son honneur, mais personne n'y croira. Moebius dessine mal les voitures? Qui s'en soucie face à un dessin d'une telle évidence? Chaque case s'organise miraculeusement autour de personnages prodigieusement vivants, là où Vance remplit péniblement ses petits carrés mal fichus sur un scénario à la fois sirupeux et brutal où Van Hamme semble lui-même avoir perdu une bonne partie de son talent. Evidemment, il serait idiot que vous n'achetiez pas le dernier album: dites-vous que l'avant-dernier, celui de Moebius, vaut bien le double de son prix! / ACO

«La Version irlandaise», «XIII» n° 18, Jean Van Hamme (scénario), Jean Giraud (dessin), éd. Dargaud, 2007; «Le dernier round», «XIII» n° 19, Jean Van Hamme (scénario), William Vance (dessin)), éd. Dargaud, 2007; «Apaches», t. de «Blueberry», Jean Giraud (scénario et dessin), éd. Dargaud, 2007
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