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Amélie-les-crayons, épure orientale et goût du bric-à-brac nostalgique

Amélie-les-crayons a offert une soirée merveilleuse aux Loclois. L'émotion authentique d'une auteure compositrice ambitieuse et populaire à retrouver dans le récent album «La porte plume». Un grand châle rouge autour du cou, des lacets détachés qui pendouillent, des poignets qui défient les lois de la gravité. Amélie tient une cigarette filiforme roulée main. La chanteuse française ne se prend pas trop au sérieux, même si elle défend avec acuité et fragilité les lumières douces, délicates et désuètes de «La porte plume», tout nouveau deuxième album de son double, sa créature poétique: Amélie-les-crayons. «Je me sens un peu plus chanteuse qu'avant avec le spectacle 'Et pourquoi les crayons?'. Nous avons joué près de deux cents fois, je n'étais pas sûre de continuer à raconter l'histoire. Mais comme il me tenait à c?ur de conserver mon équipage de musiciens, d'éclairagistes, de décorateurs, de costumiers, nous sommes repartis et avons laissé grandir la femme enfant. Je me suis assagie.»

29 oct. 2007, 12:00

Jeudi soir au Locle, rendez-vous avec Amélie-les-crayons cette nouvelle fée de la chanson française qui égrène des ritournelles de fille libérée, mutine et naïve avec trois complices qui jouent de tout. Rigueur instrumentale, arrangements impeccables d'Olivier Longre sur les paroles et les musiques qui semblent écrits par Amélie sur un parchemin moyenâgeux avec du miel bio et la rosée du matin. Piano, guitare, flûte, xylophone accompagnent «Le chamelet», lui donnent une teinte pastel. Les mots simples, souples comme tombés des nuages trouvent le décor parfait pour présenter leurs rêves: «Je me lève aux aurores /J'me recouche aussitôt /J'prends soin de mon corps /J'écoute les oiseaux /J'observe les abeilles /Qui butinent la lavande /J'vis au rythme du soleil /Et d'la lande /Je vais mieux /Attends-moi encore un p'tit peu /»

Comme si le titi des chansons de Renaud s'encoublait sur les musiques de Jean Ferrat, ou comme si Juliette Gréco et Vanessa Paradis déjeunaient sur l'herbe en laissant leur langue glisser sur de la confiture de mandarine... On pense aussi à Enzo Enzo, grande s?ur rétro qui sait vous coller la banane sur le visage en chantant la vie simple: «Je suis un peu nostalgique du début du siècle, quand les gens circulaient sur des calèches. J'ai une passion pour les chansons d'après-guerre, je peux écouter du Bourvil toute la journée, j'aime aussi les Frères Jacques.» Amélie-les-crayons se revendique chanteuse populaire et rien ne la touche plus que de voir des personnes âgées assises à côté de jeunes rastas dans les parterres de ses concerts.

Le pays enchanté d'Amélie- les-crayons frappe aussi par son relief vallonné, ses fleurs sauvages, son épure orientale et son bric-à-brac de sons et de métaphores. Un peu comme une gheisa égarée dans les puces de Saint-Ouen sirotant un lait aux amandes et s'interrompant pour sortir le petit caillou qui la gêne dans la savate. Bien que ce soir-là au Casino, certains ne voient que la volupté menue de ses petits petons nus.

D'où viennent ses multiples identités? «J'ai fait du théâtre de rue, on devait gueuler pour que les gens s'arrêtent, j'aime aussi beaucoup les détails, les objets. Depuis que j'ai vu le cirque Plume à 10 ans, la magie visuelle d'un spectacle m'importe.» Elle veut offrir l'envol, alors elle grimpe sur son piano perché sur une spirale de fer et chante les papillons verts et les pétales jaunes.

Autant de vignettes esquissées par Samuel Ribeyron sur cet album de coloriages, de glissades, de stretching, de gazouillis. Il s'ouvre avec «une maigrichonne qui jamais ne se console de trop aimer» et se conclut avec un «gros costaud dans un petit bateau.» Vous embarquez? /ACA

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