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Les chevaux aiment trop l'écorce

01 nov. 2011, 09:35

L'écorçage des arbres par les chevaux mis en pâture dans les pâturages boisés inquiète. Aussi, la Commission des pâturages boisés du Jura bernois et le Haras national d'Avenches ont commandé un travail de recherche à deux étudiantes en sciences équines de la Haute Ecole suisse d'agronomie (Hesa) à Zollikofen. Il s'agit de deux jeunes femmes du Jura bernois, Jeanne Häring, de Péry, et Yveline Gindrat-von Allmen, de Mont-Tramelan.

Leur travail réalisé en début d'année, n'a débouché sur aucune découverte révolutionnaire, mais pourrait en revanche constituer le socle d'études plus poussées. Il faut savoir en effet que la sève ne monte pas dans les arbres par le bois du tronc mais par les parties vivantes situées juste sous l'écorce. Un arbre écorcé sur une part importante de sa circonférence dépérit et meurt.

L'apport de paille, de foin ou autre fourrage fibreux semble réduire quelque peu le comportement de rongement des arbres. Il a aussi été remarqué que les chevaux de la race Franches-Montagnes seraient moins enclins à ronger les arbres que d'autres races. De même, les deux jeunes chercheuses constatent que les dégâts augmentent lorsque la proportion de chevaux par rapport au bétail bovin dépasse un tiers.

Pas d'évidences scientifiques

Pour autant, les résultats de leur étude ne sont pas suffisamment nets pour constituer des évidences scientifiques. Yveline Gindrat-von Allmen et Jeanne Häring tiennent à bien préciser que leur travail fait état de tendances et non de preuves scientifiques. L'origine du mal semble aussi vieille que la pâture elle-même.

Président de la Commission des pâturages boisés, Henri Spychiger, de Mont-Crosin, estime qu'aux époques reculées, les chevaux coupables de ce comportement étaient éliminés. C'est d'ailleurs afin d'éviter que les propriétaires en arrivent à refuser les chevaux sur leurs pâturages boisés qu'il espère trouver une explication à cet étrange comportement. Cependant il faut aussi se demander si ce comportement ne serait pas tout simplement normal.

Les recherches bibliographiques conduites par les deux étudiantes leur ont appris que des chevaux sauvages auraient un comportement similaire. Néanmoins, d'autres travaux consultés relèvent d'autres facteurs possibles. Le rongement pourrait dans certains cas être la réponse au sevrage, la conséquence de l'ennui par exemple en cas de manque de travail physique ou encore de carences alimentaires en sels minéraux ou en fibres.

Sur le plan purement local, les deux chercheuses ont procédé par l'envoi de questionnaires. L'un était destiné aux forestiers, l'autre aux propriétaires et détenteurs de chevaux. Auprès des forestiers, il s'agissait d'établir où des dégâts étaient constatés et, dans ce cas, de quel type et de quelle ampleur ils étaient. Toutes les essences et toutes les tailles d'arbres sont-elles touchées, etc?

Des dégâts variés

Quant aux propriétaires, ils ont été questionnés sur l'alimentation donnée à leurs chevaux, l'utilisation qu'ils en font et le mode de détention qu'ils appliquent. L'étude démontre que sur les 17 000 ha de pâturage boisé que compte le Jura bernois, 20% comportent des chevaux. Deux tiers des pâturages concernés présentent des dégâts constatés par les propriétaires ou détenteurs.

Quant aux types de dégâts constatés, ils varient beaucoup d'un pâturage à l'autre, tant en ce qui concerne la proportion d'arbres rongés que leur emplacement. Les chevaux semblent s'attaquer de préférence à des arbres de faible diamètre et à écorce fine. Les feuillus sont davantage attaqués, surtout quand ils sont isolés. Pour autant, les résineux, même en lisière ou dans des bosquets ne sont pas entièrement à l'abri. L'apport de fibres supplémentaires semble diminuer le comportement de rongement mais ne suffit pas à l'éliminer. Le nombre d'heures passé journellement au pâturage semble également jouer un rôle, notamment au-delà de 13 heures. Quant aux mesures à prendre, il n'y en aurait pas pour l'heure de plus radicales que de protéger les arbres jeunes et sensibles par des clôtures. Dans l'attente d'une étude plus poussée qui révélerait la panacée.

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