Comme à la fin d'un match de hockey sur glace, l'affaire s'est finalement conclue par une poignée de main, jeudi à Porrentruy, devant le Tribunal de première instance. Mais la partie n'était pas gagnée d'avance. Le juge pénal Pierre Lachat avait en effet face à lui les deux protagonistes d'une affaire qui n'avait, hélas, plus grand-chose à voir avec le sport.
Rappel des faits: le 14 octobre dernier à la patinoire de Saignelégier, lors du match de hockey de 1re ligue entre le HC Franches-Montagnes (HCFM) et le HC Nord Vaudois (HCNV), l'arbitre neuchâtelois Thierry Matthey s'était violemment fait agresser par Christian Renaud, joueur du HCNV. Après un but du HCFM à quelques secondes de la fin de la partie (pour l'anecdote, Franches-Montagnes a remporté la partie 4-3...), la tension est montée d'un cran entre l'arbitre et les joueurs vaudois. Christian Renaud, qui avait déjà écopé d'une pénalité de 10 minutes auparavant, s'est alors vu infliger une sanction identique et c'est à ce moment-là qu'il a «pété les plombs».
«Il y a eu deux agressions», a expliqué l'arbitre, qui s'est présenté à la barre sans défenseur. «Un des joueurs était au sol. Quand j'ai voulu aller voir comment allait ce dernier, Christian Renaud s'est jeté sur moi et m'a frappé à la tête. Il m'a projeté au sol et m'a donné des coups de poing, avant que mes collègues viennent à mon secours.» L'altercation s'est poursuivie au vestiaire, où le joueur a «fortement poussé» l'arbitre contre le mur du couloir, avant de le frapper à nouveau. «En aucun cas, je ne l'ai frappé dans le couloir», a rétorqué Christian Renaud, «j'ai juste appuyé sur son casque».
A la suite de cette agression, de laquelle il est ressorti avec quelques contusions au visage, Thierry Matthey a porté plainte à la gendarmerie de Saignelégier pour voies de fait, éventuellement lésions corporelles simples. Le 20 octobre, Christian Renaud attaquait à son tour l'arbitre pour atteinte à l'honneur et injures, affirmant que ce dernier lui avait dit de «fermer sa g...» et qu'il l'avait traité «d'idiot» dans un article paru dans la presse.
Pierre Lachat, tout en reconnaissant «qu'il n'y a pas photo entre traiter quelqu'un d'«idiot» et donner des coups de poing», a néanmoins désiré mettre un terme à cette affaire en proposant aux deux parties de retirer leurs plaintes et qu'elles se présentent mutuellement des excuses. Tout en soulignant qu'il n'y avait aucune justification au comportement de Christian Renaud. «J'assume mes actes, je regrette ce que j'ai fait, tant au niveau du sport que de la vie civile», a souligné le hockeyeur. Quant à Thierry Matthey, qui a finalement renoncé à toute indemnité, il a aussi présenté ses excuses, regrettant le terme «idiot», «utilisé dans une discussion avec un journaliste». Les deux hommes s'étant engagés à se respecter mutuellement à l'avenir, Christian Renaud s'en est tiré avec les 400 francs de frais de justice à sa charge.
Mais le volet sportif de l'affaire n'est pas terminé pour le joueur, qui a déposé un nouveau recours contre les 30 mois de suspension et l'amende de 1500 francs que lui a infligés le Tribunal arbitral de la Ligue suisse de hockey sur glace. / mmo