Des centaines de personnes ont tenté samedi de quitter la Centrafrique à bord de vols d'urgence vers le Tchad. Certains pays d'Afrique ont appelé à l'aide pour faciliter l'évacuation de leurs ressortissants face à une crise humanitaire de plus en plus aiguë.
Les violences entre les rebelles musulmans de la Séléka, qui ont pris le pouvoir en mars en chassant le président François Bozizé, et les milices chrétiennes "anti-balaka" ont fait plus de mille morts ce mois-ci dans la capitale, Bangui. Des centaines de milliers d'habitants ont été déplacés par les affrontements à travers le pays.
Les miliciens "anti-balaka" (anti-machettes) prennent pour cible les musulmans, qui sont restés inféodés selon eux à la Séléka durant les mois de pillages et de chaos depuis mars dernier. Comme bon nombre d'éléments de la Séléka sont venus du Tchad, les ressortissants tchadiens sont particulièrement visés, ce qui a poussé le gouvernement de N'Djamena à affréter des vols cette semaine pour les rapatrier.
Un convoi de plusieurs dizaines de voitures remplies de ressortissants tchadiens a aussi quitté samedi Bangui pour prendre la direction du Tchad sous les huées hostiles et menaçantes d'habitants de la capitale centrafricaine, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Soutien de l'UA
L'Union africaine (UA) a elle apporté samedi soir un soutien clair à N'Djamena en saluant les actions de l'armée tchadienne dans sa mission au sein de la Misca", la force africaine en Centrafrique.
Cependant, nombre de ceux qui attendaient dans la chaleur à l'aéroport de Bangui-M'Poko étaient des musulmans centrafricains fuyant leur pays, majoritairement peuplé de chrétiens, par crainte de représailles.
Appel à l'aide humanitaire
Lors des cinq premiers jours de ces vols de rapatriement, près de 2750 personnes ont été évacuées vers N'Djamena, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM). Cela ne représente qu'une fraction des centaines de milliers de Tchadiens vivant en RCA.
Plus de 800'000 personnes, sur une population totale de 4,5 millions d'habitants, ont fui leurs habitations durant les violences du mois de décembre - et la moitié ont cherché refuge dans la capitale, selon les Nations unies. L'Onu a lancé vendredi un appel à l'aide humanitaire pour répondre aux besoins d'urgence comme l'eau potable, les sanitaires et les camps de fortune.
Le Sénégal et le Niger ont de leur côté demandé l'aide d'urgence de l'OIM pour faire sortir de Centrafrique des centaines de leurs ressortissants.
Tirs croisés
Les soldats africains de maintien de la paix et les forces françaises de l'opération "Sangaris" ont été pris dans les tirs croisés entre les camps centrafricains rivaux, ce qui complique les efforts de désarmement. Nombre de musulmans accusent les Français de les laisser sans défense en désarmant les hommes de la Séléka avant les "anti-balaka" - ce que Paris dément catégoriquement.