"S'il le peut, un horloger n'arrêtera jamais de travailler!" Ce cri du coeur, c'est René Marchand, 92 ans, qui le lance au milieu sa caverne d'Ali Baba de fournituriste d'horlogerie à la rue Numa-Droz, dans d'anciens bureaux directoriaux qui datent de la création de Portescap. S'il travaille toujours, y compris le samedi, ce n'est pas par nécessité mais "pour mettre du beurre dans les épinards" . Cependant, il connaît encore des horlogers qui ont juste de quoi subsister. Dans le temps, beaucoup travaillaient en famille sans payer de cotisations et donc sans retraite, dit-il.
René Marchand est un dinosaure (bien vivant) de l'horlogerie. Il n'est pas peu fier de dire qu'il représente la 16e génération de paysans-horlogers, originaires et bourgeois (depuis 1720) de Sonvilier, peut-être venus avant de Bretagne. Mais lui est né à Lyon, où son père, faute de travail en Suisse, avait dû s'expatrier après la Grande Guerre...