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Une occasion en or… qui vaut du bronze: le commentaire d’Alexandre Lachat

Grand spécialiste de l’athlétisme, le journaliste jurassien Alexandre Lachat nous livre son regard et son émotion après la médaille de bronze obtenue ce mercredi par Mujinga Kambundji.

03 oct. 2019, 16:05
Mujinga Kambundji a signé un authentique exploit.

L’occasion était en or. Au bout du suspense et du demi-tour de piste, c’est une formidable médaille de bronze qui s’en vient récompenser Mujinga Kambundji.

L’exploit est de taille, et ne doit pas être minimisé par les forfaits en cascade (Marie-Josée TaLou, Shelly-Ann Fraser-Pryce, Shaunae Miller-Uibo, Dafne Schippers, Elaine Thompson) et la disqualification (Blessing Okagbare) qui ont émaillé ce 200m mondial. Les absentes ont toujours tort.

Cette médaille est celle d’une planification savamment étudiée. «Smiling Muji» n’a pas craint de ne lancer sa saison en plein air 2019 que le… 22 juin dernier, à Nancy, avec un poussif 11’’54 sur le rectiligne, lequel a eu le don de réveiller les railleurs et les sceptiques. Tout faux!

Au fil des semaines, remise sur les rails par son entraîneur d’autrefois, Jacques Cordey, elle a su monter en puissance, là où plusieurs de ses adversaires s’épuisaient, s’époumonaient. Que l’on ne s’y trompe pas: dans le sport olympique numéro 1 et universel par excellence, une médaille remportée en sprint par une athlète helvétique constitue un exploit colossal.

Mujinga Kambundji a ainsi apporté à l’athlétisme suisse sa huitième médaille aux championnats du monde, la première depuis celle – de bronze – obtenue en 2007 à Osaka par Viktor Röthlin sur le marathon.

Dans la fournaise et la platitude qataries, la Bernoise a surtout écrit une page d’histoire. Seuls, avant elle, Josef Imbach, sur 400 m aux JO de Paris en 1924, et un certain Paul Hänni, sur 200 m aux JO de Berlin en 1936, avaient réussi à se qualifier pour une finale individuelle de sprint sur le plan planétaire.

Paul Hänni, le gars de Tavannes, qui avait touché du bout des pointes le podium il y a 83 ans à l’Olympiastadion en prenant la 4e place d’une finale mémorable remportée par le grand Jesse Owens.

Mujinga Kambundji le sait-elle? Cela fait depuis 1988 et le bronze récolté par Werner Günthör à Séoul que l’athlétisme de ce pays attend désespérément une nouvelle médaille aux JO. Et jamais, jusqu’ici, une Suissesse n’est encore parvenue à monter sur le podium olympique.

Elle, et aussi Lea Sprunger possèdent sans doute les moyens de tordre le cou à cette sinistre lacune.

Par Alexandre Lachat, chef de la rubrique sportive du «Quotidien jurassien»

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