Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Vers une protection accrue contre les actes pédophiles

La société doit être mieux protégée des pédophiles, assurent à l'unisson politiciens, autorités et institutions après la découverte qu'un éducateur bernois a abusé pendant trente ans d'enfants handicapés. Pour y parvenir, ils proposent des listes noires, des centres de contact et des règles plus sévères.

07 févr. 2011, 11:51

La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a annoncé samedi dans la «Neue Luzerner Zeitung» son intention d'étendre l'interdiction de travailler pour les criminels pédophiles. Sur la base d'une motion du conseiller national Carlo Sommaruga (PS/GE), la ministre de la Justice va présenter prochainement une proposition en ce sens à ses collègues du Conseil fédéral.

Les auteurs de délits sexuels condamnés se voient déjà interdits de pratiquer un métier lorsqu'ils retrouvent la liberté, mais seulement lorsque leur crime a eu lieu en relation avec leur profession. La motion propose de donner la possibilité au juge d'étendre cette interdiction. Ainsi, un maître d'école qui aurait abusé de mineurs durant son temps libre ne pourrait plus du tout enseigner. De manière générale, il s'agit de faire en sorte que les pédophiles soient mieux tenus à distance d'enfants. Ils ne pourraient par exemple plus faire partie d'associations ou de groupements dont les activités ont lieu avec des enfants. L'association Marche Blanche a également lancé en 2009 une initiative demandant à ce que les pédophiles condamnés perdent leur droit d'exercer une activité professionnelle ou bénévole avec des mineurs ou des personnes dépendantes.

Par ailleurs, Simonetta Sommaruga a indiqué que le message concernant l'application de l'initiative pour l'imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine, acceptée par le peuple en novembre 2008, sera présenté ce printemps au Conseil fédéral. Dans le cas de l'éducateur bernois, quelque 90 abus ne peuvent plus être poursuivis car ils sont prescrits selon la loi actuelle.

Du côté des cantons on reconnaît également la nécessité d'agir. «Nous sommes convaincus qu'il faut entreprendre tout ce qui est possible», a assuré la télévision alémanique SF la conseillère d'Etat saint-galloise Kathrin Hilber, présidente de la conférence des directeurs cantonaux des affaires sociales.

Des règles plus sévères ne délient toutefois pas les homes et autres institutions de leur responsabilité de «regarder précisément qui ils engagent», a souligné Kathrin Hilber. Une liste noire pourrait être utile, concède-t-elle, tout en rappelant les questions de protection des données. En outre, une telle liste n'aurait pas permis d'éviter les abus de l'éducateur bernois qui n'a jamais été condamné et a pu travailler dans différentes institutions. Que ses crimes n'aient pas été découverts plus tôt reste néanmoins incompréhensible aux yeux du psychologue pour enfants Heinrich Nufer. «Je ne peux presque pas imaginer que personne n'a jamais remarqué des agissements bizarres ou peu courants», a-t-il déclaré dans les colonnes du journal dominical «Sonntag».

Les associations de personnes handicapées ont en conséquence renouvelé leur demande de créer un centre de contact indépendant pour permettre aux thérapeutes, parents ou patients de faire part de leurs soupçons. Dans une interview accordée au «Bund», la cheffe des enquêtes spéciales de la police judiciaire bernoise, Gabriele Berger, précise que deux tiers des victimes de l'éducateur bernois étaient mineures. Parmi celles-ci, «les quelques enfants non handicapés de collègues étaient très jeunes».

La responsable de l'enquête précise encore que l'éducateur se montre très coopératif et qu'«il a fait part lui-même de tous ses crimes». Elle n'exclut toutefois pas que quelques autres cas apparaissent encore au cours des investigations.

Cette enquête est à de nombreux égards exceptionnelle, explique encore Gabriele Berger. «Dans d'autres cas, nous avons les déclarations des victimes et l'auteur ne dit rien. Dans celui-ci, l'auteur parle, mais la plupart de ses victimes ne peuvent pas s'exprimer.» /ats

Votre publicité ici avec IMPACT_medias