Les Etats-Unis, poussés par Israël et fidèles à la ligne dure prônée par l'administration Bush, appellent à de rapides sanctions. Les Européens, hier, ont fait preuve de davantage de retenue, préférant exploiter toutes les ressources de la diplomatie. Il serait en l'occurrence un peu trop facile d'accuser l'Europe de vouloir ménager l'un de ses principaux fournisseurs de pétrole. Les Européens se souviennent notamment que l'embargo appliqué à l'Irak avant l'intervention américaine avait abouti à une véritable tragédie humanitaire, sans faire tomber pour autant le régime de Saddam Hussein.
De plus, deux des poids lourds du Conseil de sécurité, la Russie et la Chine, restent réticents à la prise de sanctions. Tous deux ne sont pas pressés de s'aligner sans autre sur Washington. Une façon de réaffirmer leur rôle dans cette partie du monde et de conserver le contrôle d'une partie des ressources pétrolières de Asie centrale, dont une bonne partie est déjà passé en mains américaines. De plus, l'enlisement américain en Irak et la désastreuse image laissée par l'intervention israélienne au Liban n'ont fait que renforcer le rôle de l'Iran comme puissance régionale. Or les deux pays les plus acharnés à faire la leçon à l'Iran sont précisément ceux qui ont le moins respecté jusqu'ici les résolutions de l'ONU, et qui sont tous deux des puissances nucléaires. Dans ce contexte, les moyens de pression de la communauté internationale sur l'Iran paraissent relativement limités. Quant à une intervention armée, elle ne pourrait aboutir qu'à des conséquences dramatiques.
La négociation semble donc la seule issue. Car la question n'est probablement plus de savoir si l'Iran va se doter de l'arme nucléaire, mais quand il va le faire... / JGi