Une alerte rapide et massive peut sauver des vies d'enfants

La fondation Fredi dénonce le retard pris dans la mise en place d'un système national. Elle a recueilli 32 000 signatures à l'appui de ses revendications. L'été dernier, la France a prouvé l'efficacité de son système d'alerte enlèvement en retrouvant un petit garçon de cinq ans quelques heures après sa disparition. En Suisse, les Chambres fédérales sont favorables à la mise en place d'un dispositif comparable. L'adoption de deux motions allant dans ce sens, fin 2007, a constitué un feu vert politique pour la commission de lutte contre la criminalité. Pourtant, cela ne va pas assez vite aux yeux de la fondation Fredi, spécialisée dans la thématique des disparitions d'enfants. Elle a déposé hier à la Chancellerie fédérale une pétition munie de 32 000 signatures, récoltées essentiellement en Suisse romande, pour tenter d'accélérer le mouvement.

10 juil. 2008, 12:00

Fredi est l'acronyme de Fondation pour la recherche d'enfants disparus international. Née à Fribourg en 1995, elle a pour objectif d'aider les familles touchées par un enlèvement et de faciliter les recherches en publiant les avis de disparition sur son site internet (www.fredi.org). «En cas de disparition, le temps travaille contre les victimes, souligne la directrice de la fondation Diane Burgy. Les 24 premières heures sont cruciales pour avoir une chance de retrouver l'enfant vivant». Et de souligner que l'exiguïté du territoire helvétique renforce cette nécessaire célérité. «Il faut en général moins d'une heure pour sortir des frontières suisses».

Un dispositif d'alerte environnement doit permettre la diffusion massive, immédiate et automatique de messages sur les chaînes de radio et de télévision, ainsi que dans les gares et les aéroports, pour demander la vigilance du public. Les Etats-Unis et le Canada ont été les premiers à expérimenter ce système où l'on va jusqu'à diffuser des messages sur les panneaux électroniques des autoroutes. La Grande-Bretagne et la France ont suivi. «Depuis février 2006, le système a été déclenché trois fois en France et s'est chaque fois soldé par un succès», affirme Diane Burgy.

Le problème consiste à définir les conditions du déclenchement d'une telle alerte. Car toute disparition d'enfant n'est pas un enlèvement. Dans la plupart des cas, il s'agit d'une simple fugue et il y en a des centaines chaque année. Selon André Burgy, président de la fondation Fredi, c'est un juge qui devrait prendre la décision. «Sans forcément attendre l'accord des parents», précise Diane Burgy. Concrètement, le canton où a disparu l'enfant devrait donner le plus rapidement possible l'alarme aux autorités fédérales compétentes. Celles-ci déclencheraient alors l'alerte enlèvement sur le plan national.

Le cas de la petite Ylenia, disparue l'an dernier dans le canton d'Appenzell, constitue une illustration des retards dus au fonctionnement fédéraliste de la police. «Il a fallu six jours pour alerter les cantons voisins et dix jours pour alerter la police autrichienne», s'indigne Diane Burgy. Il faut néanmoins admettre qu'une alerte rapide n'aurait pas suffi à sauver la petite fille qui est morte peu après son enlèvement.

En déposant sa pétition, Fredi espère accélérer la mise en place d'un dispositif national. Le nombre des signatures, recueillies en plus d'une année, est cependant relativement modeste pour un thème aussi émotionnel et une solution aussi peu controversée. Les membres de la fondation le reconnaissent. Ils imputent ce résultat à leur structure bénévole et à leur manque de relais en Suisse alémanique. / CIM