La présidence du National (comme des Etats) fait l'objet d'une rotation entre les grands groupes politiques, fixée à l'avance et rarement conflictuelle. Mais c'est au groupe, lorsque vient son tour, de choisir la personnalité qu'il présentera. André Bugnon a aussi remercié son parti d'avoir offert le perchoir à un Romand. En reconnaissance des gains UDC obtenus.
C'est dans le même mouvement que la première vice-présidence a été confiée à Chiara Simoneschi-Cortesi. La démocrate-chrétienne tessinoise, qui a récolté 156 voix sur 186, sera donc présidente dans un an. Et pour 2010? La seconde vice-présidence revenait, selon la rotation en cours, au groupe socialiste, qui avait nominé l'Argovienne Pascale Bruderer.
Mais les Verts étaient fâchés. On admet que, tous les deux ans, un petit parti a droit à s'intercaler dans le défilé des grands. Les Verts réclament ce droit depuis trois ans, en vain. Vainqueurs le 21 octobre, ils ont mis un pied dans la porte en présentant la Bâloise Maya Graf. Mais la socialiste l'a emporté par 127 voix sur 189, contre 49 quand même à sa rivale.
Autre tradition respectée: les discours d'ouverture de la cérémonie, confiés au doyen de fonction et au plus jeune élu. Le premier était le Saint-Gallois Paul Rechsteiner, élu en 1986. Le socialiste, président de l'Union syndicale suisse, a rappelé l'«acte révolutionnaire» de 1848 qui a permis la naissance de la Suisse moderne, démocratique et égalitaire.
C'est l'Etat social qui crée la cohésion nationale, dit-il. Il faut donc le consolider, à l'heure où le sentiment prévaut dans la population qu'on se préoccupe un peu trop des gens riches. «Attention à ne pas creuser le fossé: si la richesse est héréditaire, la pauvreté peut aussi l'être, et pour longtemps», a-t-il lancé à propos de l'apprentissage, du chômage, de la fiscalité.
Le benjamin était également saint-gallois, mais de l'UDC. Markus Reimann, 25 ans, a souligné la solidité des fondations et de la charpente de la «maison suisse». Mais il s'inquiète qu'on l'ait agrandie et modernisée à grands frais, grâce à l'emprunt (il faudra rembourser) et par le biais d'«une foule de lois qui, comme le lierre, finissent par étouffer la maison».
Une maison, a-t-il poursuivi, dont il ne faut pas laisser les portes trop ouvertes: les étrangers sont un enrichissement, s'ils respectent nos règles. Une conclusion à laquelle faisaient écho les deux drapeaux suisses qu'André Bugnon a placés derrière son fauteuil et qui y resteront durant toute son année présidentielle.
De son côté, le Conseil des Etats s'est donné comme président l'UDC grison Christoffel Brändli, à l'unanimité des 44 bulletins valables. Même score pour la vice-présidence, qui est confiée au socialiste fribourgeois Alain Berset. /FNU