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Un radical donne un second souffle à la banque postale

L'argent afflue chez Postfinance. Un radical grison milite pour l'octroi d'une licence bancaire à La Poste. La gauche se réjouit un peu vite de ce soutien inattendu.

11 mars 2009, 10:45

Dans le cadre de la révision de la loi sur La Poste, le Conseil fédéral avait écarté toute velléité d'octroyer une licence bancaire au géant jaune. Minorisé, Moritz Leuenberger se l'était tenu pour dit. La crise bancaire l'a incité à remettre le sujet sur le tapis. Mais il n'est pas le seul à avoir eu cette idée. Un radical grison, le conseiller national Tarzisius Caviezel, s'apprête à déposer une initiative parlementaire qui va contraindre les chambres à prendre position sur ce sujet.

La gauche se réjouit de ce soutien inattendu. Pourtant, le modèle Caviezel ne correspond que partiellement à celui qu'elle préconise. Elle ne peut pas non plus compter sur le soutien automatique des régions périphériques: le Valais fait déjà bande à part.

Avec la crise, Postfinance a vu l'argent frais affluer, au même titre que les banques cantonales et les caisses Raiffeisen. Fin 2008, cette filiale de La Poste gérait plus de 60 milliards de francs. Contrairement aux établissements bancaires, elle ne peut cependant pas faire fructifier ces fonds librement. Contrainte de collaborer avec une «vraie» banque, elle ne peut pas offrir ses propres hypothèques et ses propres crédits aux PME. Résultat: elle investit 30 milliards à l'étranger. Pour Tarsizius Caviezel, c'est un non-sens. Selon lui, une partie au moins de cet argent devrait rester en Suisse et contribuer à la stabilisation des entreprises. C'est aussi ce que dit le président du Parti socialiste Christian Levrat: «Postfinance est obligée de placer son argent à l'étranger sur des marchés risqués alors qu'une banque postale offrirait une alternative aux difficultés de crédit qui nous menacent en Suisse. Cela permettrait aussi de diminuer le poids relatif de l'UBS qui gère le quart des hypothèques et la moitié des paiements».

Les deux hommes diffèrent cependant sur les mesures d'accompagnement. Pour le radical grison, il va de soi qu'une banque postale devrait avoir un statut autonome, être partiellement privatisée et ne pas bénéficier d'une garantie d'Etat. Par ailleurs, sa création devrait s'accompagner de la suppression du monopole sur le courrier. Christian Levrat estime en revanche que la banque postale devrait rester à 100% aux mains de La Poste pour maximiser les synergies et le réseau d'offices postaux. Il affirme par ailleurs que le débat sur la garantie de l'Etat n'a plus lieu d'être après l'intervention massive des pouvoirs publics en faveur de l'UBS. Enfin, il refuse de faire un lien entre une mesure de politique économique et la discussion sur la libéralisation du marché postal.

Cette différence d'approche ne l'empêche pas de croire que l'objectif est en vue. Les régions périphériques, traditionnelles alliées de la gauche sur la politique postale, sont pourtant réticentes. Le président du gouvernement grison Hansjörg Trachsel ne veut pas d'une nouvelle concurrence pour la banque cantonale. Le grand argentier du Valais Jean-René Fournier se montre tout aussi réservé. «Postfinance doit sa situation actuelle à la crise des grands instituts bancaires. Doit-on créer une banque uniquement sur la base d'un effet conjoncturel?»

Selon lui, le réseau des banques régionales a très bien fonctionné pendant la crise. «Ce n'est pas le moment de leur faire subir une concurrence déloyale». Il accepte d'entrer en matière pour autant qu'il n'y ait ni garantie de l'Etat, ni actionnariat majoritaire de la Confédération. D'une façon générale, la droite se méfie des ambitions de La Poste. Le groupe parlementaire radical a refusé de soutenir l'initiative Caviezel.

Selon le radical valaisan Jean-René Germanier, une banque postale n'apporterait rien de plus aux entreprises que ce qu'offrent déjà les banques régionales. Le PDC est divisé et l'UDC se souvient avec inquiétude de la débâcle de la banque cantonale bernoise. Au total, Postfinance devra sans doute patienter pour obtenir sa licence bancaire, mais le débat ne sera pas escamoté. /CIM

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