Plusieurs organisations de professionnels de la santé ont lancé hier, avec les syndicats, un nouveau modèle pour l'assurance maladie: tout malade passerait obligatoirement par un «interlocuteur personnel de santé» (IPS), à qui il confierait la gestion de son dossier. Cette formule généralisée du modèle de médecin de famille arrive à un moment où les décisions politiques deviennent urgentes.
Union syndicale suisse, médecins assistants et chefs de cliniques, infirmières, sages-femmes et physiothérapeutes ont décidé de lancer le modèle IPS pour sortir le système de santé de l'ornière dans laquelle il se trouve depuis plusieurs années. Il s'agit en particulier de réguler la médecine ambulatoire dès 2010, lorsque la limitation temporaire des cabinets privés sera arrivée à échéance.
Chaque assuré ayant son IPS (en principe un médecin de famille), les soins de base sont garantis. Le modèle étant généralisé, la sélection des risques par les assureurs n'a plus de raison d'être. Ces IPS auront la vue d'ensemble des dossiers de leurs patients: ce sont eux qui dirigeront éventuellement les malades vers des spécialistes choisis d'un commun accord ou vers un hôpital.
Chaque IPS ferait partie d'un réseau de qualité. Mais les promoteurs du modèle écartent la solution de l'enveloppe budgétaire imposée à un réseau: le fonctionnement même du système IPS permet déjà d'économiser environ 20% des coûts, du fait que la coordination des soins par un IPS évite des prestations à double ou des examens inutiles. L'économie ne doit être un but en soi.
La proposition présentée hier intervient au moment où la commission sociale du Conseil national va reprendre (ce mercredi) le dossier de la régulation de la médecine ambulatoire. Une régulation mise sous un couvercle depuis 2003 par le gel temporaire de l'ouverture de nouveaux cabinets privés. Ce gel, destiné à éviter une installation massive de médecins européens, arrive à échéance fin 2009.
En décembre, le Conseil des Etats a échoué à trouver une solution durable pour 2010. Ce dossier est resté bloqué, jusqu'ici, par l'impossibilité de s'entendre sur un nouveau modèle. D'un côté (la droite et les assureurs), on compte sur la concurrence pour réguler le marché et, de l'autre (gauche, médecins, cantons), on mise sur une planification des besoins par les pouvoirs publics.
La commission du National discutera notamment d'une variante de planification, mais en y intégrant les assureurs. Pascal Couchepin, ministre de la Santé, a d'ailleurs invité pour aujourd'hui les principaux acteurs de la santé - médecins, assureurs, cantons - pour tenter de favoriser une solution consensuelle. Le temps presse: les deux conseils doivent se mettre d'accord d'ici à l'automne.
Sans quoi, prévient-il depuis plusieurs mois, ce sera le chaos en 2010: ouverture sauvage de centaines de nouveaux cabinets (probablement en ville, au détriment des régions décentralisées) et explosion des coûts par centaines de millions.