Au lendemain de l'imposition de la loi martiale "pour restaurer la paix et l'ordre public" après sept mois d'une crise meurtrière, l'armée a annoncé la tenue d'une réunion mercredi après-midi. Elle doit réunir le parti au pouvoir, le principal parti d'opposition, les manifestants des deux camps ainsi que le président du Sénat et la Commission électorale. Le Premier ministre intérimaire n'est quant à lui pas de la partie.
Le chef de l'armée, le général Prayut Chan-O-Cha, a invité les rivaux politiques pour tenter de trouver une sortie à cette crise qui a fait 28 morts et des centaines de blessés depuis le début des manifestations antigouvernementales à l'automne.
Malgré la loi martiale, les militaires ont laissé officiellement au pouvoir le gouvernement intérimaire, très fragilisé depuis la destitution début mai de la Première ministre Yingluck Shinawatra. Ils ont assuré que cette action, prévue par la Constitution, n'était pas un nouveau coup d'Etat dans un pays qui en a connu 18 en un peu plus de 80 ans.
Mais le gouvernement a été empêché mercredi d'utiliser le secrétariat permanent du ministère de la Défense qui lui servait de QG de crise depuis le début du blocage de son siège par les manifestants il y a plusieurs mois. "Le gouvernement utilise maintenant un lieu sûr", a précisé un responsable.
L'armée, investie de nouveaux pouvoirs, a d'autre part imposé la censure des médias et annoncé mercredi de nouvelles restrictions, portant à 14 le nombre de télévision privées d'antenne. Elle interdit aux chaînes et journaux de citer tout commentaire politique ne venant pas de responsables officiels.
On ignore la durée d'application de la loi martiale. L'armée a laissé entendre qu'elle pourrait durer plusieurs mois.