Stations-service: les opposants partent en campagne contre la libéralisation

Les opposants à la libéralisation des stations-services partent en campagne contre la révision de la loi sur le travail.

25 juin 2013, 12:15
essence

La libéralisation des horaires des magasins de stations-service ne répond à aucun besoin et se fera sur le dos des travailleurs. Convaincus qu'un "oui" le 22 septembre ferait tache d'huile, les opposants à la révision de la loi sur le travail, syndicats en tête, ont lancé mardi leur campagne. Ils comptent sur les succès cantonaux pour l'emporter.

Selon le droit en vigueur, les stations-service ne peuvent pas employer leur personnel pour vendre certains articles entre 1h et 5h ainsi que le dimanche. Durant ces périodes, elles doivent fermer l'accès à une partie de leur surface de vente alors que des employés sont présents pour le carburant et la cafétéria.

La révision de la loi sur le travail, combattue par référendum, devrait permettre d'offrir en tout temps les produits et prestations répondant principalement aux besoins des voyageurs.

Cette libéralisation sera limitée aux stations situées sur les aires d'autoroute et le long d'axes de circulation importants fortement fréquentés par les voyageurs. Cette définition exclut les magasins se trouvant sur les voies d'accès aux grandes villes.

Digues rompues

Pour les tenants du "non", cette votation a vertu de symbole. En cas d'acceptation, les digues céderont, préviennent-t-ils. La révision de loi n'est qu'une des mines anti-personnel larguées par des idéologues du profit à tout prix et sans respect de la vie des employés, selon le conseiller national Jacques-André Maire (PS/NE).

Le Parlement a déjà chargé le Conseil fédéral de prévoir une harmonisation nationale des horaires des commerces de détail (6h à 20h du lundi au vendredi, 06h00 à 19h00 le samedi) ainsi que d'assouplir les conditions de travail dominical en adaptant les notions de régions touristiques et de saison.

Et les Vert'libéraux sont en embuscade: ils réclament la levée de l'interdiction de travailler la nuit et le dimanche pour tous les commerces et services d'une superficie jusqu'à 120 m2.

Rejet populaire

"La population ne veut pas d'une extension des heures d'ouverture des magasins", a martelé la vice-présidente de l'Union syndicale suisse Vania Alleva. Et de rappeler que ces dernières années, les projets cantonaux de libéralisation ont échoué dans douze cas sur treize.

Concernant les stations-service, le projet ne répondrait à aucun besoin avéré. Pour M.Maire, la libéralisation ne vise qu'à faire du chiffre d'affaires avec des ventes d'alcool passé une certaine heure.

Une ouverture non-stop n'attire pas automatiquement des cohortes de clients. Mais cela obligerait des cohortes de personnes à travailler exclusivement la nuit et à se couper totalement de leur vie sociale, a fait valoir le président de Syna Kurt Regotz.

Les femmes seraient les premières à en faire les frais. Or le personnel de vente doit déjà faire face à des salaires très bas, des horaires fragmentés et au travail sur appel.

Dangereux pour la santé

L'opération serait en outre dangereuse pour la santé. Selon le président de la Société suisse de médecine du travail, les travail de nuit provoque dans plus de 50% des cas des troubles du sommeil. Quelque 5% des personnes concernées souffrent d'un manque de sommeil et d'une fatigue chronique.

Des troubles psychiques allant jusqu'à la dépression sont davantage fréquents chez les travailleurs de nuit tout comme les troubles digestifs, le manque d'appétit et la tendance à l'hypertension. Un risque plus élevé d'infarctus et de cancer du sein est aussi mis en avant.

La défense des travailleurs n'est pas le seul argument de "l'Alliance pour le dimanche", qui regroupe, outre la gauche et les syndicats, le PEV, le PCS, des représentants des Eglises et la Société suisse de médecine du travail.

Ainsi le conseiller national Daniel Vischer (Verts/ZH) dénonce un projet qui encouragera les achats motorisés à toute heure. Du côté des Eglises, c'est l'importance fondamentale du dimanche pour la cohésion sociale qui est soulignée. Ainsi que la retenue face à la consommation. "On ne peut pas tout avoir, sinon on devient dépendant", a averti le théologien Thomas Wallimann-Sasaki.